Etrange sentiment d’appartenance à un monde varié mais dans lequel on me refuse la diversité
Nous sommes des clichés enfermés dans une trop étroite identité
Mais je ne peux plus m’enfermer dans celui qu’on me désigne
Aucune définition réductrice ne m’agrippe
Je ne peux m’empêcher d’être l’un et le multiple
[Couplet]
J’ai le sens du rythme mais la mélodie linéaire
La voix aiguë mais le propos grave et austère
Adolescence française, regard russe et langue algérienne
La pensée universelle et l’ambition planétaire
Rempli de compassion mais vide de condescendance
Train de vie brouillon et flou mais brodé d’ambitions claires
Identité effritée qui vole au vent dans les ronces
Métèque présent par l’esprit mais dont on ne veut voir que la chaire
Pourtant je porte le centre, les périphéries, la phrase et la réplique
La rime lourde, le flow léger, difficile métrique
Piteux, précaire et artiste
J’ai le statut bas et fixe mais les tripes de faire la zic d’élite que mon ego mérite
Alors dans ce monde varié offert en son étrange ensemble
Je ne peux me résigner à n’être qu’un
Et ceux que ça arrange de nous mettre dans des cases et des franges
Mon exemple brise leurs clichés, dérange, émiette leur pain quotidien
On se veut unique mais on devient viande de plus en plus tendre
Rentrant dans des cases, tels des offrandes à la loi marchande
Et même si on tente de se démarquer
On alimente un nouveau cliché qu’on vante
Eh oui au final on fait que ça : on "représente"
Alors être valable se confond avec vendable, récupérable, humain interchangeable et
Sur le tard, s’exécuter dans un système qui vend ses citoyens comme son âme
A force d’être assimilable, on finira en code barre
Individu consommable mis dans des cases inflexibles
Et si je brise les chaînes invisibles des identités hybrides
La complexité sera ma résistance, mon fond de commerce
Cela fera de moi un mauvais commercial mais un homme libre
Non aligné, je me faufile dans les strates et, de mon poids
Fais tourbillonner diversité sur les visages hagards
Nos règles sont telles qu’en tant qu'un je m’incline devant toi
Mais ça étendra mon multiple loin au dessus de ton regard
Appelle ça du rap, du slam, du punk, ça ne me regarde plus
Quand tu mets mon pied dans une case, sais-tu où l’autre se situe ?
Si loin que c’est ça être un géant, commercialement c’est gênant
Perdre son rendement dans mes bas-fonds sans issue et au fond tu tripes
J’ai atteint ton esprit là où ça ripe
Le système t’attendait assimilé et réduit comme une icône qui s’agite
Mais tu retrouves les paradoxes, les contrastes et tu flippes dans ce face à face entre l’un et le multiple
Paroles rédigées et annotées par la communauté française de Rap Genius