Charles Aznavour
Il y a des trains
Il y a des trains
Des trains soufflants
Tout au bout du quai
Au hasard en transportant des hommes
Qui vont toujours un peu plus loin
Pour des ailleurs et ces ailleurs
Sont aux confins d'une femme

Il y a des trains
Enveloppés dans une fumée grise
Des gares qui portent en eux
L'espoir comme le désespoir
Les trains usés, conduits par des mécaniciens
Aux gueules noires

Dans les wagons certains sourient mais d'autres pleurent
Quand ils montent vers le bonheur
Vers la douleur
Vers d'autres lieux
Avec des rêves ou bien des larmes dans le fond
Oser être vieux

Ce train qui court
Train de l'ennui, train de banlieue
Aller-retour du lever tôt
Du coucher tard
Aux sans horizons
Et tous ceux qui ont perdu
Leurs illusions
Au poids des jours
Il y a des trains
Trains rutilants prêts à partir
Pour d'autre part
Au bout du monde et revenir
Par tous les dieux
Au bout du rêve, au bout du rail
Sur d'autres cieux
Au parfum rare

Il y a des trains
Qui donnent envie soudain
De larguer les amarres
L'envie de partir et de tout abandonner
Sans prévenir pour effacer tout le passé
De la mémoire

Y a des wagons
Des wagons-lits, wagons de nuit
Où il fait bon
Faire l'amour sans vague creuse
Sans superflu
Avec une femme au hasard
Femme sans nom
Et inconnue

Je rêve au train de militaire
Ou de bestiaux
Et sur le sein
De cette femme au souffle chaud
Fruit de désir
Qui m'offrira et la passion
Et le plaisir
Quand dans ses reins
Se plantera le rythme
Lancinant va et vient
Du train