Zazie
On éteint
Elle a crié, poussé toute la nuit
Pour qu'il pousse enfin son premier cri
On le berce pour l'endormir et puis
On éteint

On a crevé les yeux de nos poupées
Tué les cow-boys et les indiens plumés
Une histoire avant d'aller se coucher
Et puis on éteint

La lumière, tout au fond du couloir
Maman veille, papa qui rentre tard
Paraît qu'ça se voit pas
Qu'on pleure dans le noir
On éteint

Mais les cris au beau milieu de la nuit
Et on court se cacher sous le lit
Et la peur prend le pas sur l'envie
Vite, on éteint

On éteint : mieux vaut fermer les yeux
S'agit d'apprendre à ne pas être heureux
Il nous faudra verser de l'eau sur le feu
Pour l'éteindre
On grandit, on est un cow-boy, un indien
On est un bourreau qui pleure pour un rien
Une victime plein de sang sur les mains
Mais on est un

Un de ceux qui se croient tirés d'affaire
Qui avancent sans regarder en arrière
Qui sont prêts à tuer père et mère
Et que rien n'atteint
Que rien n'atteint

On a beau crier toute sa vie
On s'enflamme, on se quitte, on se marie
On allume, on fait l'amour, et puis
On éteint

On a beau crier encore et toujours
Rien n'étouffera le manque d'amour
Et ce feu nous brûle jusqu'au jour où
On s'éteint
Où on s'éteint