[Couplet 1: Vincenzo]
Prêts pour le compte à rebours, mission faite avec ardeur
On a arrêté d'faire de l'humour pour une mission comme à Pearl Harbor
Depuis le changement d'humeur, fini d'avoir d'la sympathie
On vient faire parler de nous comme la France et son vingt heures
Comme la crasse et l'éboueur, j'viens essorer le linge sale
Sur les toits d'la dignité d'c'qui s'prennent pour des seigneurs
J'ai les anneaux d'la délinquance
Ici ça baise et fume avec des moins d'seize
Comprends qu'y ait pas d'décodeur
Sya, on est nourri à la haine
Celle qui nous pousse à purger de lourdes peines
La haine, que t'as seulement quand ton cœur saigne
La haine, celle qui nourrit nos blocs, qui font sortir le calibre
Pour qu'on dégaine
Comprends qu'l'mal on l'a pas demandé
On nous l'a juste donné en guise d'arme
Dans nos familles, pour ghettos isolés
Trop d'paroles ensorcelées
On a les nerfs fragiles
Comprends qu'ça soit les mêmes qui sont incarcérés
Dur de tenir le coup
Quand on passe son temps à tenir le mur
Et puis savoir qu'on peut finir au trou
Un coup dur pour le ministre et sa famille
Arrête de t'plaindre car c'est plus à la haine qu'au lait qu'on est nourri
[Refrain: Soprano (*4)]
Oh, hé oh, hé oh oh, hé oh oh, oh oh

[Couplet 2: Soprano]
Mon rap c'est un manque d'amour
Des heures de doute, des croûtes arrachées à la hache
Un regard qui n'parle qu'avec des gouttes
Une course sur un fil suspendu dans l'vide
Des mots abîmés sur une feuille vu qu'il n'y a qu'là qu'tu peux lire mes rides
Une adolescence faite de XXX
Sur laquelle le manque de caille a lâché son enclume
Un paysage de rêve où s'est installée la brume
Ma' c'est dans tes larmes que j'trempe ta plume
Tout ça depuis que ta santé s'abîme
J'ai un cœur affamé qui n'a bouffé que des pissenlits
Chez moi l'amour est mort, dans l'album j'te fais son autopsie
Combien ont pris mon auréole pour faire du cerceau
Combien m'ont arraché les ailes pour s'les greffer au dos
J'ai juré fidélité à ma peine
Le bonheur ça trahit, ça passe son temps à faire la péripatéticienne
Y a pas qu'chez moi qu'la haine donne le sein
Regarde, ça planifie la mort de milliers d'innocents dans des lieux saints
Marianne pardon
J'aurais tant voulu t'aimer mais les colons ont trafiqué nos flèches de Cupidon
Désolé mais j'n'offre que des poèmes de haine
T'aurais voulu des roses mais j'n'ai qu'des chrysanthèmes dans mon jardin d'Eden
[Refrain: Soprano (*4)]
Oh, hé oh, hé oh oh, hé oh oh, oh oh

[Couplet 3: Alonzo]
C'est l'millénaire, c'est les bagarres où se mêlent les mères
Des chignons dans les mains, des bouts d'oreille
XXX au réveil, c'est la redescente aux enfers
Les mômes ont mis la merde et deux familles se souhaitent la mort
Ça tire au revolver, chaud
On consomme beaucoup trop d'amour amer en territoire sous embargo
On s'connaît trop, on se voit trop, on s'étouffe l'autre
On a trop l'esprit renfermé, on s'bouffe les uns les autres
On a toute la vie pour s'entretuer
Toute une adolescence pour créer des liens qui mourront jamais
Mais trop d'quartier tue l'quartier, Jamel l'a dit
On se détruit parce qu'on s'ennuie
On s'fout la haine
Certains ne tiennent plus le mur, ça fout la haine
Ils chôment dans leur chambre, chouf et changent de chaînes
Et la télé n'arrange rien, elle n'fait qu'empirer
Ces rêves qui deviennent cauchemars car ça peut pas s'réaliser
Et on se laisse aller, on se goinfre à la haine
Obèse de péchés, on bouge à peine
Quitter Marseille, pour aller où?
Partout c'est pareil, dans l'Nord dans l'Sud
Partout c'est pareil
[Refrain: Soprano (*4)]
Oh, hé oh, hé oh oh, hé oh oh, oh oh

[Outro: Soprano]
Yeah
Pour tous ces pays fauchés
Ces pays violés
Tous ces pays colonisés
Pour tous ceux qui essayent d'reprendre leur dignité
Résister
Nourris par la haine
Pour ces orphelins de guerre
Prêts à tout niquer

[Outro: Alonzo]
Prêts à tout niquer, Sopra, bien sûr
Eh, j'veux en placer une pour tous ceux qui subissent l'isolement
Dans leur chambre, dans leur quartier, dans les prisons d'France
XXX Aldo, Malek
XXX Cherif, Houcine, Belil
Tous les aînés
Tous ceux qu'j'ai oublié
Adolphe, Mickaël
Pensée aussi pour Kassim de Frais-Vallon
Que Dieu ait ton âme, frérot
J'veux en placer une pour Christophe Rocancourt à Vancouver
Eh, j'ai lu ton livre, ça m'a beaucoup ouvert
Papé, résister, les prisonniers d'France

[Outro: Vincenzo]
Toi aussi, Saïd, frérot
Une pensée aux parents qui subissent des perquises
Des RDV au parloir
Pour voir leur fils
Tous les mômes qui délaissent l'école
Faut tenir le coup
Si c'est pas pour vous, au moins pour vos parents, merde
Aussi à celles et ceux qui élèvent leurs enfants seuls
Tenez le coup, en fin d'compte, quoi dire de plus?
À part qu'on est tous
Nourris par la haine