Lucio Bukowski
Jéricho
Ne cherche pas midi à quatorze heures, t'y perdrais ta pause repas
Les journées sont vides sauf le soir quand ma prose repars
Echouer comme turfiste misant tout sur un tocard
Rêver de changer la face du monde avec un gros cocard
J'aime la vie, les bouquins et les rapports intimes
J'ai beau m'acharner dans l'rap je demeure auteur infime
Un semeur de fleurs arides, mon jardin d'Éden est dead
Et des décennies m'élèvent, vise le saint du ciel et l'tète
Salut tes gosses de ma part, ils n'paieront pas ma r'traite
Mais vieilliront encore plus mal qu'un intégral Star Trek
Ce monde est malsain, pervers dans une aire de jeu
Tricard comme une mère cinquantenaire dans un concert de jeunes
Elémentaire si l'école est morte et les taules débordent
Les cerveaux déconnent d'ici qu'les médiocres décollent
Les médias rigolent, dixit la France libertaire
Continue d'voter pour ta République totalitaire
C'est con à dire, mais l'hypocrite appâte
L'Homme est un animal politique qui traine la patte
Pour ma part, j'n'ai qu'des satanés rimes par rafales
Signe la pétition, jet d'pierre comme Yasser Arafat
Cool: j'éteins ma télé et puis j'me sens vivant
Réduis le réel à quelques traits #PietMondrian
Mon ouvrage, au fond, n'est qu'un acronyme
J'suis p't'êt'e un bon rappeur mais un meilleur anonyme
Vot' progrès n'est plus qu'une idée mitée
Vieux tapin dans un programme de télé-réalité
J'attends la rame suivante et d'ici qu'elle se pointe
J'déprime comme un soûlard d'ici qu'il se pinte
Le cynisme est inutile mais c'est un vieux réflexe
Du coup mes propos ont du grain et l'épiderme épaisse
Yo, l'époque n'est plus qu'une mythomane aphone
La fin du monde dans chaque application de ton iPhone
Laisse le suicide social aux jeunes bourgeois en mal de drame
Frustré comme un satyriasis en manque de dame
Mes congénères s'arrosent l'essence et payent le jerrican
Ils tiennent les murs, mais pas du bon côté #Jéricho