Lucio Bukowski
D’un Blues l’autre
[Couplet 1]
Ces derniers temps, j'vois tout en gris, le monde autour n'est qu'une lithographie
Les démons écrasent les saints, l'époque fait sa mammographie
L'esprit épris des pires doutes, j'évite les regards des gens
Et puis épuise mes dix roubles bien à l'écart des genres
Métropolitain vers mes esquisses de vie
J'en ferai p't-être des toiles ou bien des disques de rimes
Le cœur se tait puisque l'amour a avalé sa langue
La bouche sèche, mon espoir n'est qu'un marais salant
On vise toujours autre chose et on s'y pète les dents
Il n'y a qu'des fragments d'os dans la chair des gens
Et on avance ainsi en terre adulte
Laissant derrière la jeunesse que nos pertes adulent
Pas de magie, j'ai abattu la mauvaise carte
La joue sur le tapis, j'ai mangé la mauvaise tarte
Le dos en pièce, j'ai limité la fuite
Il me faudra une nouvelle prod pour éviter la cuite

[Refrain x2]
J'ai perdu quelque-chose entre ici et là
J'attends, mais toujours pas de signe, hélas

[Couplet 2]
Pendant qu'le temps fait son affaire
Des vies contre des vies, les nôtres ne sont que passagères
Logique, il paraît que c'est la place du mort
Et nos villes sont désertes comme la glace du Nord
Bienvenue dans mon isba
Sûrement qu'j'me fais des films, pourtant, je ne réalise pas
Sorte de dernier romantique comme Eugène Delacroix
Mélancolie me colle à l'âme, un peu comme de la poix
D'un blues l'autre, je n'suis qu'un torrent ivre
L'amour et l'écriture : mes trop rares moments libres
Loyer, factures, bouquins épuisent le peu d'ma paye
Ma plume vise le haut, elle n'est qu'un jeu d'marelle
Parti à la recherche de c'que l'existence donne
De retour sans or et moitié mort comme Jack London
N'ai croisé que l'illusion en guise de père du temple
Me dissolvant lentement dans le scorbut de l'ère du temps
[Refrain x2]
J'ai perdu quelque-chose entre ici et là
J'attends, mais toujours pas de signe, hélas