Lucio Bukowski
Le chant du pendu
J'ai la sensation de vous haïr autant que mes séquelles
Si j'lis autant d'bouquins, c'est pour oublier qu'vous êtes réels
J'évolue en dents d'scie comme la filmographie d'Harvey Keitel
Me situe quelque part entre Tolstoï, Coluche et Georg Hegel
Les jours sont comme des MST sauf que tu tires même pas ton coup
J'aime pas ton tout, ton Monde, ton art, ta façon d'parler d'un ton cool
Je suis né d'mauvaise humeur avec un p'tit don pour l'écrit
Et puis j’ai plus de flux comme le plus lent d’un relais par équipe
Je vivote de petits boulots comme la plupart
Pour la retraite et le cancer, on s’entendra plus tard
Je connais la chanson, le succès est à portée
Je progresse à tâtons, l'échec est une guitare désaccordée
Déjà corné, je tournerai la page d’un bon roman
Assis dans un bar obscur, un bon orage cognant
Les autres ont la routine, le confort et quelques liasses épaisses
Mais l'enfer n'a pas de distributeur d'espèces
Il ne suffit pas d'inspirer, l'plus dur est de tout recracher
Les gens vides n’ont rien dans l’ventre comme des loups taxidermés
M'attarde à compter les heures, triste comme un anniversaire
Même les religieux vomissent les valeurs universelles
Le Monde est illusoire comme la pub et le mariage
Sensation de chaud et froid, comme une pute sur le carrelage
J'voudrais pas être pessimiste mais vos gosses vont bien en chier
Ni le PS ni Hadopi ne me feront manger
Plus d'place dans les angles si tous les ânes vont au piquet
Les libéraux fourrent plus de culs qu’une tête d’affiche du lobby gay, ouais
Tu voudrais exister mais là c'n'est plus qu'un rêve
J'aime les allégories christiques et surtout celle du glaive
J'ai vendu mon âme à Dieu, pas d'inquiétude pour mon salut
La mort passera à trav' si tu la roules dans de l’alu'
Alors j'écris un peu, c'est toujours ça qu'ils prendront pas
Et si je perds la tête, ben, au moins ils ne me pendront pas