Koriass
La berceuse
Elle garde toujours une radio sous son oreiller
C’est la douceur de la musique qui l’aide à sommeiller
Quand elle est triste, elle prend un stylo et remplit sa feuille
C’est dur de se sentir chez-soi dans sa onzième famille d’accueil
Elle mène sa vie amère comme le sel des larmes
Elle aime les femmes parce que trop d’hommes lui ont fait du mal
Son passé est violent, puis elle en porte des empreintes
Seulement seize ans, mais plus forte qu’un homme de trente-cinq
Elle garde une boîte ou elle met ses souvenirs de petite-fille
Elle la sort quand dans sa tête, c’est la bisbille
Elle garde une poupée et une carte de sa grand-maman
Qui contenait un "je t’aime" avec un petit montant d’argent
Elle fait toujours le même rêve de son passé cruel
Elle sent le souffle de son père qui est penché sur elle
Quand elle s’réveille elle tourne son oreiller à l’envers
Puis elle chuchote la berceuse que lui chantait sa grand-mère

Ferme tes yeux petite fille essaie de dormir un peu
T’auras plus de chagrin demain matin tout ira mieux
Tu sais qu’t’as un ange qui veille sur toi quand t’es couchée
La nuit va faire repousser les ailes qu’on t’a coupées

Maintenant 18 ans, elle est de retour dans ses affaires
Retournée chez sa mère, mais elle lui cause du trouble et c’est la guerre
Elle rêve de chanter, mais y’a personne qui semble y croire
C’est la porte fermée qu’elle performe devant l’miroir
Elle rêve que sa voix sonne, qu’on la mette sur des albums
Qu’elle puisse cesser le slalom entre le stress et les valiums
Qu’on l’aime et qu’elle soit bonne, qu’elle arrête de manquer d’air
En vivant constamment la tête dans un aquarium
Il fait noir, son coeur en manque de joie se serre la nuit
Et ce soir, elle s’demande à quoi ça sert la vie
La face en larmes, elle prend une lame et la regarde
Un signe de croix, elle passe à l’acte la tête envahie par le drame
Son coeur veut percer son chest, elle fait que regretter son geste
Sa mère s’amène dans la pièce, elle l’aime et s’démène pour qu’elle reste
Elle essaie de rester alerte, dans les vaps, les yeux à l’envers
En chuchotant la berceuse que lui chantait sa grand-mère
Elle ouvre les yeux et s’réveille dans un souffle de vie
Sa mère est assise dans une chaise qui est au bout du lit
Elle se lève lui donne un baiser, lui dit qu’elle l’aime
Et lui fait la promesse de toujours l’aider dans la vie qu’elle mène
Elle a maintenant oublié son passé cruel
Depuis qu’elle apprend à sourire et miser sur elle
Elle aime sa vie et sait qu’elle a plus besoin de s’en faire
Sauvée par la berceuse que lui chantait sa grand-mère