Arthur Rimbaud
Va faire ta guerre
Ça fait des années que je t’observe
C’est pas bien difficile, les yeux
Les oreilles, y aurait fallu qu’on me les crève
Pour ignorer ton p’tit jeu

Depuis le temps que tu nous endors
Monsieur le marchand
D’arme/ment/songes de sécurité
Quand tu rêves/olver
Un nouveau demain
Sans sexe comme les anges
Sans âme comme ces engins
Que t’achètes sans appel d’offre
Quel effronté, tu fais
Monsieur le Ministre
De l’indécence nationale
Et du port d’armes
T’as pas honte?
Croiser le fer
Semer les feux de l’enfer
Juste pour satisfaire tes ami/litaires ?
C’est clair
On aurait dû s’en douter
Comment un sauvage de ton espèce
Peut-il éprouver de la tendresse pour les démunis
À moins que ce ne soit des munitions ?
Monsieur le ministre de la stupéfaction et des boucheries
Nous t’entendons t’attendrir sur la viande froide
Chaque fois quelle revient au pays les pieds devant
Et c’est presque la fête dans ton agenda
Quand tu te recueilles devant le cercueil d’un soldat
Et avec cette voix grave qui parle pour la nation
Tu redonnes le cadavre comme une preuve d’affection
Ça t’honorerait presque si on ignorait qu’après tu l’oublies
Dans la fosse commune
À la Chambre des communes
T’en rates jamais une
C’est facile
T’as la chance d’avoir des amis/siles
Qui tirent à boulets rouges
Sur tout ce qui bouge
Dans le sens contraire
Des aiguilles du monstre

Monsieur de la balistique et du calcul
Ta montre à toi recule
Quand le ton monte au front
Des opinions tranchées
Lorsque tu informes nos bataillons
Qu’un sang impur abreuve les couillons

Car ton bras sait porter l’épée, l’épais
Il sait porter l’effroi
Jusque dans froid
De la tombe
De la colombe
De la paix
M. le Grassouillet
Le Souillé
Le Suprême de poulet
Va la faire toi-même ta guerre
Et tant qu’à y être, invite tes amis
Allez! Tous au champ d’honneur et restez-y!
Qu’on vous enterre pour la dernière fois
Pour la dernière guerre
M. le Dernier Sous-Fifre
Va faire ta guerre
Va faire ta guerre
Va faire ta guerre
Va faire ta guerre!

All we are saying is give peace a chance!

« Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue
Et la nuque (…) baignant dans le frais cresson bleu
Dort (…) dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit »