Georges Brassens
Il n’y a pas d’amour heureux
Rien n'est jamais acquis à l'homme.
Ni sa force, ni sa faiblesse ni son cœur.
Et quand il croit ouvrir ses bras, son ombre est celle d'une croix.
Et quand il veut serrer son bonheur, il le broie.
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux.
Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin.
A quoi peut leur servir de se lever matin ?
Eux qu'on retrouve au soir, désarmés incertains.
Dites ces mots ma vie. Et retenez vos larmes.
Il n'y a pas d'amour heureux.
Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure.
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé.
Et ceux-là, sans savoir, nous regardent passer.
Répétant après moi ces mots que j'ai tressés,
et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent.
Il n'y a pas d'amour heureux.
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard.
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson.
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson.
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson.
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare.
Il n'y a pas d'amour heureux.