Khamsin
Il en r’demande
Il en r'demande Albert
Avec force s'efforce de forger l'fer
Depuis qu'sa pomme est rongée par les vers
Depuis qu'il voit le fond d'son verre
Albert veut voir le fond d'l'affaire
Veut décoller sans jamais r'mettre les pieds sur terre
Albert veut d'l'imprévu
Du spontané, du grand, du jamais vu
Fi-fi-fini l'hésitation conventionnelle
Il veut du faux, d'l'erreur, de la bévue
Du bordel, du bruit dehors, du pêle-mêle
Fini la chute libre en avant avec les bras tendus
Albert veut du backflip et des figures inattendues
De l'émotion, du transcendant, du 100% pur jus
Avec la pulpe, le zeste et puis la peau d'l'orange à manger crue
Pour Albert c'était pas prévu c'morceau
Comme dirait Milk Coffee & Sugar
En morceaux, amoché, mal amorcé
C'est la mort, c'est déjà trop tard
Assurément, si Albert a la tête trop près du seau
Et mesure le grand saut sans s'avancer
Si sa dernière lettre est d'jà frappée du sceau
Scellant son lot, l'empêchant d'cadencer
Son existence comme il l'entend : recto verso
Avec de l'encre à gogo, sans gestes convulsés
Sans la peur du ver solitaire, du rouge sang
Sans la peur d'être placé sur le mauvais versant
Albert veut faire de l'imprévu la panacée
Défier l'obtus et le censé
Boire au goulot son panache et
Cracher ses maux pour mieux les prononcer
Sans l'angoisse de la sentence, du verdict et
Sans voir ses vers dictés
Albert veut transformer sa vie en odyssée
Rejoindre l'Académie des Aléas
Crier "ouhla, hélas, hourra", et cetera
Sans retenue héler les fidèles membres de l'équipage
Prendre de l'élan collectivement pour mieux tomber
Inopinément, et pis pour mieux tourner la page
Albert veut du dodu, joufflu, bouffant et du bombé
Il veut gonfler ses lettres, ses phrases, ses frasques
Sortir de route, empruntant sans prévenir les sentiers détournés
Draguant le hasard déroutant et faisant fi du port du casque
Trainant l'allure d'un débutant, la boue collée aux basques
Caressant l'surprenant sur un rythme effréné
Baffant les obstinés bafouant leur destinée cachés derrière un masque
Albert regarde-les ! Tapant des mains tels des primates décérébrés
Contemplant la télé tels des clébards devant l'os à ronger
Hypnotisés par les yeux du python, ses fausses manœuvres
Regarde la foule avaler des couleuvres
Et célébrer n'importe quel navet comme un chef-d'œuvre
Il avait bien raison Jean d'Ormesson
Regarde-les tirer la couette vers eux pour que tu dormes sans
Et après tout tant mieux, ça f'ra plus de frissons
Sans ces paresseux dépressifs
Manquant d'zèle intempestif
Ne sachant apprécier la fantaisie que par soupçons
Et fredonnant les mêmes chansons
Mais tu nous emmerdes Suzanne
Et qu'est-ce 'tu nous chicanes ?!
Tiens, j'paye sa rançon et ses amendes
Albert a pas eu sa ration
D'imprévu
T'entends ? Hein ?!
Albert a pas eu sa ration
Et Albert en r'demande