Pierre Perret
Je n'ai jamais aimé que vous
Je n'ai jamais aimé que vous
Que vous, que vous
Et la p'tit blonde qui est en dessous
En dessous de tout
Après vingt ans d'amour fidèle
Hormis deux ou trois bagatelles
Est-ce le démon de midi
Qui a mis dans notre propre lit
Ce génie de la contorsion ?
Pendant qu' vous f'siez les commissions
Vers le plafond, le noir duvet
De son joli cul s'envolait
Je n'ai jamais aimé que vous
Que vous, que vous
Mais la honte me vient au front
D'avoir fait la comparaison
Vous, le diamant sur mon fumier
Elle, un gravier dans mon soulier
D'autant qu'elle est un peu vulgaire
De plus, c'est une roturière
Issue de milieux interlopes
Mais voilà, c'est une vraie salope
Je n'ai jamais aimé que vous
Que vous, que vous
Certes, je me suis avili
En la couchant dans notre lit
Le plus petit hôtel miteux
Eut pour cela convenu mieux
Car vous ignorez, je parie
Que la garce poussait des cris
Oui, cette bouillante Artémis
N'arrêtait plus de crier " Bis ! "
Je n'ai jamais aimé que vous
Que vous, que vous
De cette passion, dégoûté
Je ressors tout désenchanté
Et, afin d'oublier ces liens
Noués par nos élans païens
Je suis tout prêt à me racheter
Par la plus grande lâcheté
Et j'aurais pour elle, après tout
La même bassesse que j'eus pour vous
Je n'ai jamais aimé que vous
Que vous, que vous
Et la p'tite blonde qui est en dessous
Maintenant, j' m'en fous