Saez
Le ciel en pleure encore
Des soirées au comptoir de la vie, dis-moi, tu te souviens
De ces vents qu’on croyait tenir ; ces illusions qui filent entre tes mains
Ces routes qui ne mènent toujours, oui, jamais qu’à soi
Et les sourires que tu faisais quand t’avais ce foutu temps, oh, devant toi

Des lumières de ces villes dont j’ai oublié les prénoms, les visages
Mélancolie qui tient aux vieillesses du vin ; les doux naufrages
Des combats à venir quand il faut porter l’autre à bout de bras
Au détour des amours, les violences qu’on se fait parfois

Des mains qui se serrent fort comme si c’était la dernière étreinte
Des yeux qui se disent tout juste avant de ne plus rien se dire
Des corps voués, toujours, à nous faire sentir, oui, nos vieillesses
Et les filles qui ont toujours des allures de princesses

Et si le ciel en pleure encore
De nous savoir désunis l’un de l’autre
Et si le corps de nos amours a disparu au fond des ports
Naufragé, je t’aime encore

Les proches qui nous tuent mais qui nous manquent tant quand ils partent
Ces jours où j’en peux plus que j’ai même plus le cœur à boire
Les courants qui éloignent le cours des rivières de nos enfances
Et les siècles passés à tenter de combler le vide immense

Mais je te porterai quels que soient les travers ou la distance
Je resterai l’épaule pour que tu t’y reposes quand le souffle manque
Et les démons d’antan, à la sueur de mes poings, je combattrai
Comme un vieux chêne tient quand l’orage a tout naufragé
Oui, tu peux croire en moi, mon frère ; oui mon frère, tu peux croire encore
Quel que soit le combat, toujours nous combattrons ensemble
Et si la vie sépare ceux qui s’aiment, non, elle ne peut reprendre
Cet éternel en soi, oui, qui ressemble à Dieu… à s’y méprendre

Si le ciel en pleure encore
De nous savoir désunis l’un de l’autre
Et si le corps de nos amours a disparu au fond des ports
Naufragé, je t’aime encore…