Julien Clerc
A Mon Age Et A L’Heure Qu’Il Est
Ne m’dites pas qu’à ma place
A mon âge et à l’heure qu’il est
A l’heure du marchand de lait
Je me lève et je la remplace
Nous sommes d’un bois qui se tasse
Attachés de plus en plus fort
Quand elle bouge, je me tords
Quand elle geint, mon rêve passe
Dans les pays où elle s’endort
Elle m’est chevillée au corps
Il faudrait l’arracher d’abord
Elle m’est chevillée au corps
Plus loin encore
Qu’elle s’en aille
Un corps étranger de chaleur
M’a fait au cœur
Comme une entaille
Ne m’dites pas qu’à ma place
Il suffit de baisser les yeux
Pour passer une nuit aux cieux
D’autant plus que j’habite en face
La brune verra dans ma glace
Une trace de cheveux blonds
La rousse verra sur mon front
Une image qui se déplace
Dans les pays où elle s’endort
Elle est imprimée sur mon corps
Il faudrait l’effacer d’abord
Elle s’est ancrée dans mon corps
Et, depuis lors
Quand elle s’évade
Comme elle vide toute l’eau
Sous mon bateau
Je suis en rade
Ne m’dites pas qu’à ma place
Le moindre vide se remplit
De la première fille-pluie
De la première ondée qui passe
Laissez mon port à marée basse
Et mon bateau bien amarré
Je rêve d’un raz de marée
Jeté sur les rives d’en face
Dans les pays où elle s’endort
Elle s’est ancrée dans mon port
N’allez pas la noyer, de grâce
De grâce