Robert Charlebois
Mourir de jeunesse
Nourrir des tendresses
Pour un brin de foin
Mûrir des paresses
Pour le temps qui vient
Et chanter, serait-ce
De froid et de faim
Et courir sans cesse
Les quatre chemins
Saisir de justesse
La folle tigresse
L'innombrable ivresse
De vos mille mains
Mûrir de chagrin
Mourir de jeunesse
Vivre sans adresse
Et sans lendemain
Puis trouver maîtresse
Au bout du matin
Tourner sa tristesse
En jeux de gamins
Loger dans ses tresses
Manger dans sa main
Quêter ses caresses
Au bout d'une laisse
Et la mettre en pièces
Au premier quatrain
Mûrir de chagrin
Mourir de jeunesse
Déplacer ses pièces
Le geste incertain
En pleine liesse
Rêver de plus loin
Tenir des promesses
Faites l'an prochain
Tenir pour richesse
Le moindre refrain
Tenir pour faiblesse
Paroles qui blessent
Trouver sa noblesse
À n'en trouver point
Mûrir de chagrin
Mourir de jeunesse
Célébrer des messes
Pour le peu de pain
Que le temps nous prête
D'un pied souverain
Que le bonheur mette
Au jeu de tes reins
Des soirs de kermesse
Et des jours sereins
Dormir sur tes fesses
Rêvant qu'apparaisse
Le lait d'allégresse
Au bout de tes seins
Mûrir de chagrin
Mourir de jeunesse
Avoir pour l'espèce
Respect et dédain
Par délicatesse
Être le témoin
Que tout intéresse
Le plus et le moins
Voyage, prouesses
Maison et jardin
Enfants qui connaissent
Comment les fleurs naissent
Et de sa jeunesse
Garde les instincts
Mûrir de chagrin
Mourir de jeunesse
Refaire la Grèce
De trois mots latins
Passer par Lutèce
Comme baladin
Avoir les adresses
De soleils lointains
À toute vitesse
Aller petit train
Avoir pour déesse
Certaine princesse
Folle de sagesse
Dans un monde ancien