Paul Piché
L’école des trois boutons
D'un coup de poing
D'un coup d'crayon
Ou d'une parole couleur de plomb
Avec leur veste à trois boutons
Les p'tits messieurs sont fanfarons
Habillés pour ne pas céder
Rien ne trahit leurs émotions
Sauf le p'tit pli qu'ils ont acquis
A l'entre-jambe du pantalon
Sont tous des chefs ou même patrons
Du moins savent qu'ils le deviendront
S'ils arrivent à rester assis
Sans jamais froisser leurs habits
J'avais oublié ces garçons
D'la petite école des trois boutons
Le coeur serré le poing fermé
La culotte un peu déchirée
Qu'on n'verra plus mal enfourchus
Sauf pour le pli bien entendu
Qu'ils corrigeront comme de raison
Avec une femme à la maison
Qui est le vrai patron
Tout l'monde le sait
C'est un genre "Madame libération"
Qui a quand même gardé du passé
De repasser le pantalon
Et elle repasse le petit pli
Chauffant les couilles du petit con
Trônant sur toutes ses illusions
Quand il retourne à la maison
J'avais oublié ces petites filles
Qu'on aimait bien sage et gentille
Elles ne jouaient jamais à la guerre
Comme elles étaient toujours premières
J'avais oublié ces garçons et les p'tites filles
D'la petite école des trois boutons
Avec tous ces garçons féroces
Et toutes ces filles sages et précoces
On était mille à s'entasser
Fallait bien qu'il y eut un dernier
Comme j'était gentil paresseux
On ne pouvait pas trouver mieux
Mais ça m'a quand même réussi
J'ai jamais froissé mes amis
Si je vous parle d'eux aujourd'hui
Ce n'est vraiment pas de mépris
J'les aimais bien j'les aime encore
Malgré des airs de matador
Les p'tits monsieur n'ont pas vieilli
C't'un mauvais pli qu'ils ont acquis
Apprenant trop bien leurs leçons
D'la p'tite école des trois boutons