Ovide
Les métamorphoses d’Ovide, Livre I (Fable 2)
(v.76) Un être manquait encore, plus marqué du sceau divin, dépositaire plus qualifié d'une intelligence pénétrante, et qui pût exercer sa domination sur le reste de la création. L'homme naquit, soit que le dieu créateur, auteur d'un monde meilleur, l'eût formé de la semence divine, soit que la terre dans sa nouveauté, récemment dégagée des couches profondes de l'éther, eût conservé quelque germe de son frère le ciel, et que cette terre, le fils de Japet, en la mélangeant aux eaux de pluie, l'ait façonnée à l'image des dieux, modérateurs de toutes choses. Et, tandis que les autres animaux, penchés vers le sol, n'ont d'yeux que pour lui, à l'homme il donna un visage tourné vers le ciel, dont il lui proposa la contemplation, en l'invitant à porter vers les astres ses regards levés sur eux. Et c'est ainsi que la terre, naguère encore masse grossière et indistincte, prit forme et se modela en figures nouvelles d'êtres humains.