William Shakespeare
Chanson de Clown
Fuis, mon âme, fuis! Je meurs sous les traits
De la plus cruelle des vierges
Viens, ô mort! Qu'on m'étende à la lueur des cierges
Dans un cercueil de noir cyprès
Qu'on m'ensevelisse loin d'elle
Dans le blême linceul couvert de branches d'if
Qui, partageant mon sort, ami sûr mais tardif
Du moins me restera fidèle
Que pas une fleur, une pauvre fleur
Sur ma tombe ne soit semée;
Pour moi, que nul ami, que nulle voix aimée
N'ait des paroles de douleur
Que je sois seul avec mes peines
Et laissez au désert blanchir mes ossements
De peur que sur ma tombe, hélas! les vrais amants
Ne versent trop de larmes vaines