Abd Al Malik
La voie
La voie
c'est dessiner au mieux une figure imposée
dans l'espoir d'escalader les massifs du libre arbitre ou de la destinée
et se découvrent subitement voyageur apeuré dans les profondeurs de sa jungle intérieure
s'en remettre au guide dont notre orgueil puéril nous interdisait jusqu'alors de prendre cette main tendue par la providence
Oui
la voie nous conduit
d'abord sur les rivages de l'océan des secrets
où la lune et le soleil des esprits
puis nous invite corps lourds à nous dévêtir de nous-mêmes
avant d'entrer dans l'eau du mystère
c'est donc la mue du désespoir qui gît telle une étoffe sans vie à nos pieds
La voie est un camouflet pour l'errance et on s'y perd pourtant
tout étonné de s'apercevoir qu'ici c'est l'ignorant qui est la vrai savant le riche celui qui n'a aucune prétention au-dedans
et se plaît même à être le premier des indigents
A t-on déjà vu ailleurs des pauvres s'appeler entre eux Monsiegneur
La voie est la raison d'être de la miséricorde
la rançon de la sollicitude
elle est le poumon de la sérénité
l'autre parent de toutes les vérités
le clairon des initiés
elle sillonne les âmes et les vallées
et les membres se mettent à parler
La voie n'est jamais tracée
la voie est à jamais présente
on ne sait jamais
n'être plus jamais
jamais plus jamais
Et lui qui a servi son maître pour recevoir
n'a voulu que son amour et sa guérison propre en retour
En faisant don de sa volonté propre
il s'est élevé d'une élévation difficile à atteindre
dans ces trésors si jalousement gardés
Il n'en a laissé rien paraître
et demeuré parmi les siens
il s'est enfoui au tréfonds des coeurs assoifés
qui frappaient à sa porte
Qui es-tu C'est moi et la porte reste close
Qui es-tu C'est moi et des larmes s'y déposent
Qui es-tu C'est toi et la porte s'ouvre enfin
Où donc avais-je le coeur
Ce monde est une ombre qui nous happe
quand l'astre s'occulte devant l'absence de notre regard
Mais la grâce fait jaillir
l'indicible parole de lumière d'or
de soufre rouge et de métal blanc
de souffle court et de transparent
Vision éveillé
d'une époque désenchantée
Je veux dire comme le chanteur
qu'elle chante d'autres chants
que ceux qui ont été cachés
aux sages
aux intelligents
et révélés aux enfants
aux tristes aux paumés
aux coeurs brisés
aux femmes esseulées
aux cloches aux droguées
aux petits aux dénués
aux faibles aux ruinés
aux malades aux laminés
Et donc les champs de blé
les chants des partisans
les chants des sirènes
les chants de paix
les chants de guerre contre soi-même
l'appel à la prière
l'appel du 18 Juin
l'appel des anciens - Stephan Hessel
le chant du cygne
le chant de signes
les chants des origines
la chanson de Prévert
L'Orient et l'Occident
le noir et le blanc
le début et la fin
la prophétie et le mythe
le retour du Christ
Israel et Palestine
le réveil de l'Afrique
la grande muraille de Chine
le déclin de l'Amérique
le sacré et le profane
s'alternent sur la Voie :
avoir le courage d'être soi
et d'aimer l'autre quoi qu'il en soit.
Merci à toi Sidi Hamza de m'avoir mis sur la Voie.