La Canaille
Salle des Fêtes
[Couplet 1]
Il a troqué sa province contre les rues d'la capitale
Avec en tête une ligne de mire aussi précise que radicale
Il voulait mettre le feu aux poudres dans les salles
Avec la foudre dans les yeux et le hip hop comme arsenal
Mais très vite, noyé dans la masse il prend sa claque
MC part au charbon car personne connait son nom
Personne connait son son, chaque soir c'est la pression
Il réalise le chemin à parcourir avant d'être dans les bacs
Car c'est lent, c'est dur, c'est l'passage obligatoire
Ca peut virer du rire aux larmes en un éclair de désespoir
Le jour il bosse la nuit il affûte son répertoire
Forcé d'jouer sur les deux fronts pour pas finir à l'abattoir
Seulement, pour l'instant il vit dans l'ombre des têtes d'affiche
Pour l'instant seulement il fait ses classes quand d'autres restent à la niche
Alors, il s'exécute ferme les yeux et s'imagine, monte sur les planches comme à Berçy
Avec derrière la grosse machine

[Refrain]
I represent !

[Couplet 2]
Imagine le !
Regard écarquillé personne ne le comprends nan
En face de lui y a que des vieux ou des enfants
Ils veulent danser léger le rap conscient ils trouvent ça chiant
La salle se vide progressivement et ça lui glaçe le sang
Il parle aux siens se retrouve chez les branchouilles
Au dîner de cons ce soir, ça mange de l'andouille
Un verre de trop et le dessert vire à l'embrouille
Et bim ça brise le mic et les instrus ça part en couille !
Soirée plein air, il pleut, il est vénère
'Sont tous à la buvette et carburent à la bière
Y plus qu'sa mère sous l'parapluie qui suit l'concert
Derrière deux ou trois poivrots, en délire qui vocifèrent :
Le bar est mort et les serveurs regardent le foot
Il y va parce que c'est l'heure tant pis, rien à foutre
Il s'sens minable il flippe tout d'un coup il doute
Il s'dit merde à quoi ça sert de jouer si personne ne m'écoute ?

[Refrain]

[Couplet 3]
Visage marqué par le poids des sacrifices
Mc fume pour s'évader, oublier ses cicatrices
Son coeur se serre quand il regarde en arrière
Le chargeur est surchargé car sa galère est journalière
Il n'est pas là pour faire tralali ou tralalère
Chez lui l'inspiration se puise au bout d'la chaîne alimentaire
Il a forgé son flow en essuiyant les plâtres
Et si maintenant son rap te frappe, c'est qu'il a toujours dû se battre
Il roule sa bosse en marge selon ses propres codes
Et n'attend rien de l'industrie sort ses galettes en autoprod
Son buzz grandi aux antipodes de leurs paillettes
Il fait son trou assume le prix de l'indépendance même dans les salles des fêtes
Et peut être bien qu'il ne s'ra jamais disque d'or
Et alors la belle affaire il l'ouvre de plus en plus fort
Maitrise tous les contours de son art contestataire
Les mains dans l'cambouis mais pas un genou à terre