Saez
Les Magnifiques
Ils ont les yeux des funéraires
Toujours prêts à sauter d'un pont
On dirait que, toujours misère
Et la tristesse sont leurs prénoms
Ils sont écorchés dans l'écorce
Y'a toujours un amour perdu
Gravé au couteau dans la sève
De leurs yeux qui ne comprennent plus
Ils ont les yeux des mortuaires
Et le pas lourd des processions
On dirait que toujours l'enfer
Sera toujours dans leurs chansons
Ils ont les yeux des trop avides
Et puis la force des fragiles
Ils ont le partage cupide
De ceux qui se partagent trop
Dans les cafés, pour les corbeaux
De l'amour, quand ils jouent l'apôtre
Les Magnifiques, ils parlent trop
Et même quand ils ont l'air stupide
C'est d'impudeur qu'ils sont beaux
Et de partage qu'ils sont cupides
Quand ils se déversent en sanglots
Les mots sont souvent inutiles
Bien sûr qu'ils mentent comme ils respirent
Quand ils se jurent des avenirs
Car ils savent trop bien
Ce que l'amour ici
Fait à ceux-là qui s'aiment
En séparant les corps
Elle leur donne pas la mort
Elle leur reprend la vie, oui
Les navires échoués
Se ramassent à la pelle
Et toi, tu leur ressembles
Quand tu dis que tu m'aimes
Tu finiras bientôt
Déchirée par les flots
Qui noieront d'ouragans
Dans tes yeux, les sanglots

Quand ils s'unissent de sous les cieux
Quand ils se bavent par les yeux
Ils se parlent de ces amours
Qui font faire les tristes chansons
Ils ont des airs de religieux
Quand ils se disent leurs prénoms
Ils se disent qu'ils seront éternels
Et pire encore, ils le croient
Qu'ils s'emporteront dans la tombe
Que leur cathédrale sera le monde
Mais ils finiront comme tout le monde
Oui bien seuls à pleurer pour l'autre
Dans le bouillon des déferlantes
Dans le tourbillon des pleurantes
Dans le mourant des amours mortes
Au gré du temps qu'ils escortent
Ils se déversent, ils me dégoûtent
Et pourtant, putain, qu'ils sont beaux
Que même leur bêtise fait bien
Oui, qu'elle fait bien sonner les mots
Qu'on dirait les musiques
Que j'ai jamais su faire
Qu'on dirait que Paris
A été fait pour eux

Les Magnifiques sont magnifiques
Quand ils se chantent leurs cantiques
Au Pont des Arts, y'a des regards
Qui font que la vie semble belle
Mais la vie est cruelle
Et elle bouffera bientôt
Les promesses aux promises
Par dessus le bateau, oui

Les navires échoués
Se ramassent à la pelle
Et toi, tu leur ressembles
Quand tu dis que tu m'aimes
Tu finiras bientôt
Déchirée par les flots
Qui noieront d'ouragans
Dans tes yeux les sanglots
Les navires échoués
Se ramassent à la pelle
Ils sont beaux, ils sont tristes
Quand ils se jurent le ciel
Alors ne jure rien
Ne dis rien mon amour
Et laissons faire la nuit
Jusqu'au lever du jour
Quand soudain, l'un d'entre eux
Décide d'en finir
Car, toujours dans la vie
L'un doit partir avant l'autre
Que ce soit, par la mort
Ou par la gaieté du cœur
Ou pour aller voir au port
Quelques marins sans cœur
Ou pour mieux dans mon cas
Pour quelques filles de joie
Juste parce que c'est bon
D'être tout seul parfois
Eux, ils crucifient l'autre
A qui ils ont juré Bon Dieu
Quand ils s'acharnent sur son corps
Comme s'acharnerait la mort
Mais, il est déjà mort, ça y est
Ça y est, tu peux partir
A d'autres bras tendus
Aller vendre ton sourire
Les Magnifiques meurent
Comme un sanglot perdu
Au fond des océans
Les corps des disparus, oui

Les navires échoués
Se ramassent à la pelle
Et toi, tu leur ressembles
Quand tu dis que tu m'aimes
Tu finiras bientôt
Déchirée par les flots
Qui noieront d'ouragans
Dans tes yeux les sanglots
Les navires échoués
Se ramassent à la pelle
Ils sont beaux, ils sont tristes
Quand ils se jurent le ciel
Alors ne jure rien
Ne dis rien mon amour
Et laissons faire la nuit
Jusqu'au lever du jour