La Rumeur
Dernier verre
[Couplet 1]
Ce serait un peu la B.O. d'ma pénombre
Un chemin sans Lune dont la boue m'encombre
Des mots d'peur et d'haine qui n'sont pas les miens
Ce froid qui m'étreint de la nuque aux reins
J'me sens parfois comme un enfant vieilli
Un chien sans adresse que sa mère maudit
Des coups, des cris qui n'réveillent pas les voisins
L'air manque, la peine est forte, ça ira mieux demain
Médusa m'foudroie dans mon panoptique
Ce berceau coupable d'un agneau colérique
Taillé dans l'chaos de ma France-Algérie
Où les ventres sont creux et les cœurs mal remplis
Quand les filles de mon père deviennent mes sœurs à vie
Et qu'il faut torcher six mômes avec l'amour d'une truie
Quand les démons d'ma mère libèrent leur furie
Et jettent un bras vengeur sur un bien faible ennemi

[Refrain (*2)]
J'toucherai l'Soleil
Avant l'grand sommeil
Trois belles âmes, l'amour d'une femme
Suffiront, j'crois, à m'tenir en éveil

[Couplet 2]
Perpignan à c't époque me fait des trous dans l'froc
J'ai la morve aux narines et une gourmette en toc
L'instit' me fout la trousse avec sa nostalgie
J'ignore encore tout du mot "colonie"
Faut s'ouvrir des fenêtres comme les Gitans espagnols
S'accrocher en vélo à l'arrière des bagnoles
Exploser des bouteilles sur l'chemin d'l'école
Écorcher ce chat qui m'avait foutu une tôle
Y'a la plage l'été pour se délester
Mais la terrasse est privée, merci de pas l'infester
Tu finis par t'barrer, non sans protester
Ce Sud, putain c'que j'ai pu l'détester
De retour à la maison, le pain cuit dans l'four
Mes grandes sœurs s'relaient entre la cuisine et les cours
Personne ne moufte, le daron dans l'salon me fixe comme s'il ignorait mon nom
Et dans ces mains tremble un ceinturon
J'entends gémir dans la chambre close
Quand elle pleure la vie qu'elle n'a pas eu, c'est fou c'que ma mère cause
Et lorsqu'elle passe la porte dans sa robe rose
J'recule sous les insultes et j'ai mal pour son visage couvert d'ecchymoses
[Refrain]
J'toucherai l'Soleil
Avant l'grand sommeil
Trois belles âmes, l'amour d'une femme
Suffiront, j'crois, à m'tenir en éveil