La Rumeur
Le poumon des peuples
[Refrain (*2)]
Je suis le poumon des peuples
(je suis le poumon des peuples)
Je veux dévorer l'air et cracher l'orage
(cracher l'orage)
Je suis le poumon des peuples
(je suis le poumon des peuples)
L'acier de mon fusil ne rouillera pas en cage

[Couplet 1]
Je suis le poumon des peuples
J'ai l'âge de tous les esclavages
L'âge du claquement du fouet des fers cousus au visage
Des traites infâmes, des ghettos de l'âme que se partage
La race des vautours
Pour sertir d'or et d'argent son plumage
J'ai tout construit, tout produit, tout porté, tout forgé
Je sais tout du labeur, de l'effort, de la sueur
De la paille et des guenilles pour habiller mon cœur
J'ai tant donné, tant saigné pour que poussent des fleurs
On m'a tant pris, tant menti pour l'air pur de mes asphyxieurs
Mes rides sont ces meurtrissures laissées par des siècles
De fortune bâties sur mes obsèques
Par des siècles de démence arrosée d'eau bénite
D'absinthe maudite, de mon sang qui gicle, brûlant comme l'acide
Je suis le poumon des peuples
[Refrain]

[Couplet 2]
Ecoutez ces convulsions fiévreuses
C'est mon pouls qui s'ébroue parmi les cloisons dévoreuses
C'est mon souffle qui se braque dans les crissements opaques de l'usine
Ou sous l'estrade des profondeurs brûlantes de la mine
Inutile de me rejoindre si vos ventres ne cessent de geindre
Trop d'larmes s'enlisent l'une dans l'autre
Se figent dans le plomb, dans le silence se vautrent
Les sanglots longs... sied aux apôtres
Pas à ma soif de briser les chaînes et les croix, moi
Moi je veux des armes, lourdes comme l'espoir
Terribles comme ces soirs, dure joie main de ma gloire
Où enfin le feu enfile les peuples, les forêts et les villes
De milliers d'ombres en furie parties ensevelir la nuit
Les vieux monstres vomis des entrailles repues de bourgeois
Je suis...

[Refrain]

[Couplet 3]
Je suis le poumon des peuples et je vous l'annonce en guise de semonce
Ce monde d'abattoir bientôt poirera dans les ronces
Trop faim de terre et d'azur, de miel pour mon futur
Je vous l'annonce en guise de semonce
D'autres voix de fer arrachées aux muselières
D'autres gardes éclairs, baignés de lumière
Enfourcheront ma colère, mes artères, mon souffle
Jusqu'à c'que le dernier des loups étouffe
Mon histoire n'est pas finie, mon histoire est l'Histoire
Et l'humanité libérée mon rêve le plus enfoui
Le plus lynché, le plus chargé de charniers
De ruisseaux de sang pissant par les pores
De ce monde marchand où l'on sacre ma mort
Je suis le poumon des peuples et je vous l'annonce en guise de semonce
Ce nouveau siècle m'appartient et battra dans mes mains
Comme un cœur arraché de la poitrine
De ceux qui boivent le nectar dans le crâne des victimes
[Refrain]