La Rumeur
Je connais tes cauchemars
[Couplet 1 - Hamé]
Je connais tes cauchemars au plus sombre du soir
Quand ils rampent droit sous le voile froid de tes draps de soie
Sans préavis, dès que la nuit leur a souri
Y a des griffes noires qui se marrent au bord de ton plumard
Elles aiguisent leurs dents grises sur ta nuque, ta chère blanche perruque
Et l’odeur de la loi qui colle à tes robes de magistrat
Là-bas, une lourde porte grince et s’ouvre
Derrière un voile de soufre, des visages se pressent
S’agglutinent et t’encerclent, des visages convexes, balafrés et muets
Une épine à l’échine, tu te sens blêmir, frémir
Tu voudrais fuir, courir, mais tes chevilles ont des chaînes
Et tu trébuches puis te traînes
En couinant comme un goret perdu en pleine forêt
Et t'as à peine le cul au sol qu’une main sale t’attrape au col
Et te plaque les deux épaules sur un de ces bancs usés d’accusés
Te voilà sur la dalle d’un tribunal peu banal
Tu reconnais tous les jurés, tu peux les revoir en ta mémoire
Tous ces voleurs de poules ou de pommes fondre en larmes
Sous la lame de tes jugements prononcés
Et aujourd’hui, c’est jour de fête, c’est à ton tour de comparaître
Tu cries pardon, tu cries à l’aide mais rien n’y fait
Sur un tableau noir d’écolier, à la craie
On te dessine une petite guillotine
[Refrain]
Je connais tes cauchemars, au plus sombre d’un soir
A l’envers de l’histoire, je connais tes cauchemars
[Couplet 2 - Philippe]
Ce soir la nuit est sombre et tout le monde s’est décidé
Pour te travailler la couenne pendant des plombes et des plombes
C’est quand tu sombres dans les bras de Morphée que tu te prépares à morfler
Car les porcs dans ton genre tu vas savoir ce qu’on leur fait
Je connais ce cauchemar qui revient chaque nuit et
Quand il rentre par effraction dans ton sommeil
Je suis toujours avec lui, et tu cours encore comme si
Au lever du soleil, t’allais échapper à la mort
En attendant, tu traînes ton surplus de graisse avec lenteur
Putain, tu stresses et tu suintes le pastis et la puanteur
Aux alentours, personne pour entendre ta douleur
Pour tes appels qui résonnent
Et on te fait pire que ce que tu faisais pendant les gardes à vue
Comme celui que t'as tabassé pour des jantes en alu
D’ici, tous ceux à qui t'as passé les fers
Je donne pas cher de ta chaire
Et vont faire de ta nuit un enfer
Je l’ai promis, frère, au menu c’est du commissaire et
De l’entrée au dessert, c’est du schmit' qu’on nous sert
Et comme bouc émissaire, on pouvait pas trouver mieux
Tu peux crier, prier, appeler n’importe quel dieu
Sorcellerie, magie noire et vaudou
Et on fait bouillir la marmite et on danse autour
Sur une rythmique tribale, ce soir j’ai l’âme du cannibale
Et la rage de l’animal qui vise les parties vitales
Comment se porte le commissaire avec les organes à l’air
Quand on traîne ta carcasse jusqu’au prochain cimetière ?
Et toutes les sales races assistent à tes gémissements
Pendant que tu graves ton blase sur ta pierre avec ton sang
[Refrain]
Je connais tes cauchemars, au plus sombre d’un soir
A l’envers de l’histoire, je connais tes cauchemars