La Rumeur
Les apparences
[Couplet 1 – Philippe]
Je vais te l’dire sur un autre ton
Encore un bledos du béton
Un d’ceux qui a poussé sous les cloisons
Et si à chaque jour suffit sa peine
Et si aujourd’hui je fais des miennes
C’est qu’chez nous la coupe est pleine
Celle qui déborde d’la misère
Celle où s’noient les masses prolétaires
Quand tes places sont de plus en plus chères
Quand tes flics nous font la guerre
Quand tes mairies t’foutent des barrières
Et quand ils chassent la mauvaise herbe de leur parterre
Encore une ville fleurie qui pue la merde
Quand ils parlent d’insécurité
Quand ils serrent les arabes, les noirs pour contrôles d’identité
Les mêmes qu’on retrouve à Stoc avec le badge "sécurité"
La vérité, c’est tout ce que j’vois qui m’inspire
Chaque minute que j’vis et chaque goutte que j’transpire
Quand je prends conscience que si l’on s’fie aux apparences
Tout est beau, quel beau tableau où l’on cache les carences

[Refrain – Philippe / Mourad]
Si l’on s’fie aux apparences, tout est beau
Dur pays de mon enfance qui marque une différence de peau
Souligne une différence riches/pauvres
Il y a les bourreaux, leurs sous-fifres à l’attirail de suppôt
[Couplet 2 – Mourad]
Tout fume dans l’quartier, y a du zeudou dans l’air
Les cigarettes de ton paquet serviront pour tout l’monde
Avant tout, ça emprunte, ça donne, y a qu’ça à faire
Y a qu’des frères dans la ville, dix mille gars et un sac de clous
Chacun veut placarder sa pancarte
Laisser une trace, une marque, des squats de barrières qui gênent les voisins
Ça gueule, ça rigole ensemble dans les coins
Les ruelles se salissent, les mégots pètent et on s’prend des claques
Même si se verdit le quartier ça reste indigeste
Embellir la merde ne remplacera pas son odeur, c’qui reste
Ce sont des odeurs frelatées
De cuisine exotique, mon vieux
Dans les escaliers ou sous les porches où ça philosophe dur
Sur l’utilité d’une vie qui est souillée d’écorchures
Autant d’brûlures de garos sur leurs pulls
Montrent les jours de résignation et d’oublis qui s’accumulent

[Refrain – Philippe / Mourad]
Si l’on s’fie aux apparences, tout est beau
Dur pays de mon enfance qui marque une différence de peau
Souligne une différence riches/pauvres
Il y a les bourreaux, leurs sous-fifres à l’attirail de suppôt

[Couplet 1 – Philippe]
Y a du pain, du vin et du fromage
Les miettes on s’les bouffe dans nos cages à plusieurs étages
Et d’temps en temps on t’envoie la télé
Encore un reportage bâclé, on filme les sauvages et leurs démêlés
Pire, on truque ton flash d’info
En fait, ils créent l’info pour t’faire ton lavage de cerveau
Alors on boycotte tes symboles
Tes chaînes polluent et quand mon quartier est malade, il pousse des paraboles
Ses symptômes: violence, alcool, drogue
Et tout ce qui pourrit les esprits et les rend claustrophobes
Pire qu’un microbe, putain ça pue !
La merde dans ma rue, la pisse dans mes escaliers
Et sur les murs on a tout marqué
Le passé, le vécu, comme s’ils pouvaient tout effacer avec un coup d’peinture
Acteur et spectateur aussi, je prends du recul, ça sent le roussi
[Refrain – Philippe / Mourad]
Si l’on s’fie aux apparences, tout est beau
Dur pays de mon enfance qui marque une différence de peau
Souligne une différence riches/pauvres
Il y a les bourreaux, leurs sous-fifres à l’attirail de suppôt