La Rumeur
Quand le diable est au piano
[Couplet 1: Philippe]
Et puis on danse sur les sens interdits quand l'incendie
Chante une douce mélodie, applaudis et dis que t'en veux encore
Si c'est faux dans les accords, peu importe si ça matraque fort
Ils ont l'or et la chanson qui va avec
Et un chef d'orchestre qui joue du plomb pour nous clouer le bec
Ducon, chez nous l'argent rime avec urgent
Genre, oppose la crasse à du détergent
Or ils veulent qu'on plie, qu'on casse, ils veulent qu'on flanche
Quand le diable est au piano et qu'il n'enclenche que les touches blanches
Et les sales races entassées dans les préfabriqués
Quand vient la chasse, allumeront les briquets
Traqués dans ce putain de zoo, avec des chiens autour des os
Dont les écoutes ont fait saturer le réseau
Joue leur un do mineur et ils te feront un doigt majeur
Parce que la rue n'est qu'un incinérateur

[Couplet 2: Ekoué]
Quand le diable est au piano, dès ses premières notes
La mélodie du meurtre se heurte aux partitions morbides d'un homicide
Ou l'ombre sur l'instrument, sombre pressentiment
Naissant d'une détonation claire qui me glace le sang
Involontaire ou délibérée
Quand la musique du chaos suit le mouvement saccadé
La république s'écroule à nos pieds
Et nos chevilles ouvrières lui piétinent sa mère
Quand la haine répond aux appels des sirènes stridentes
D'une symphonie instruite du bruit de la détente
Puisque comme vous dites nous sommes des parasites
Réprimez-nous comme vous le faîtes
Imprimez le deuil à nos sourires y compris pendant les jours de fête
Réécrivez des pans de notre histoire entière
Continuez à jouer avec nos nerfs
Ce concert d'ironie noircira les mœurs doucement mais sûrement
Au fil des heures en attendant d'y voir plus clair
Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à faire
[Refrain]
Quand le diable est au piano, qu'il joue la note de trop
Quand le piano est au diable ce que la corde est au cou des présumés coupables

[Couplet 3: Mourad]
Quand le diable est au piano, les voix s'éraillent, s'écorchent
Les peaux s'arrachent et s'offrent en images et en strophes
Il tombe des cordes, prêtes à nouer le désordre
Les sonorités se tordent sous de sales mots d'ordre
C'est pas faute de vous avoir prévenus
Contrairement aux somations, avant ces balles perdues
Le verre se brise et le sang rougeoie au mur
Le cuir s'ajoute au cuivre et les fils à l'ossature
La chair dans un éclair se sert en fil de fer
Humide qui s'agrippe à la prise terre
Les gammes s'affairent et s'enflamment crescendo
Avec la douce violence du verbe à fleur de peau

[Couplet 4: Hamé]
Quand le diable est au piano, l'accord est comme une faux
Un genre de coupe-nuque au bras d'un vieux bourreau
Symphonie blanche, belle comme un échafaud
Alphabet de la haine froide en guise d'ex-voto
Tous pétés à la douleur de l'étau, l'encéphalogramme haut
Nous sommes les fils des plus vieux barreaux
Esthétique de l'embargo du berceau au tombeau
Héritage du fouet pour histoire sur pied-bot
Mais qui se paye notre peau ? Qui nous crache d'en haut ?
Mais qui a le trousseau de clefs au cachot ?
Et tout ce bordel ne me parle plus qu'à demi mot
Quand il me résume le monde par un seul écriteau :
Une voie, deux trains, trois raisons de prier
Avant de courir te foutre à l'eau
Sur une portée recto-verso, à la faveur d'une insomnie de trop
J'ai vomi les partitions du diable en solo
[Refrain]
Quand le diable est au piano, qu'il joue la note de trop
Quand le piano est au diable ce que la corde est au cou des présumés coupables