Charles Aznavour
Je t’aime
Je t'aime, je t'aime, je t'aime

Je t'aime
C'est à la fois bête et banal
Ça tient du roman du journal
Qu'on achète par habitude
C'est à la fois peu et beaucoup
- Je t'aime - et ça tient pas le coup
C'est désarmant de platitude
Ça crève de banalité
J'aurais pu dire : "Ma beauté"
Voici des feuilles et des branches
Quelqu'un d'autre l'a déjà dit
Je dis : "Je t'aime" vendredi
Et le répète le dimanche

Je t'aime, je t'aime, je t'aime

Je t'aime
Comme un prestidigitateur
Qui ne sortirait que l'as de coeur
Je dis : "Je t'aime" et puis je flanche
Je reste en rade et voilà tout
- Je t'aime - et c'est mon seul atout
Et je n'ai plus rien dans la manche
Ça devrait être suffisant
- Je t'aime - mais en le disant
On sent qu'il faudrait autre chose
Je t'aime ça se joue placé
Et quand Larousse l'a classé
C'était pas dans les pages roses

Je t'aime, je t'aime, je t'aime

Je t'aime
J'ai fouillé les anthologies
Et chaque soir à la bougie
Entre Hugo et Apollinaire
Je cherche les combinaisons
Pour inventer dans ma chanson
Un "Je t'aime" extraordinaire
Mais y a des imaginatifs
Qui tirent les mots par les tifs
Et pillent le vocabulaire
Il ne me reste qu'un chétif
"Je t'aime" et c'est définitif
Y a plus rien dans mon dictionnaire

On a beau faire tant et plus
On n'a rien fait de plus cucul
Et le monde tourne quand même
Tant pis, là je m'avoue vaincu
Maintenant que tout est foutu
Me reste qu'à dire : "Je t'aime"
Je t'aime, je t'aime, je t'aime
Je t'aime
Je t'aime, je t'aime, je t'aime
Je t'aime