Manau
La Sorcière
LA SORCIERE

[Manau]
L'oeil vif, le regard dans le coin, l'esprit agressif
Avec une patte en moins, la bête ne semble pas craintive
Le dos dans le vent, elle attend le moment propice
Pour rire de tous ces gens croyants qui espèrent le retour du fils
Très loin du parvis, là-bas, sur de l'herbe bien verte
Assise à quelques lieux d'ici, impatiente que les portes soient ouvertes
Elle a pris ses repères, surplombant le village
Elle que l'on dit sorcière s'est donné l'envie de hurler sa rage
Mais l'assemblée sait que tous les dimanches se répètent
Et qu'en sortant de la messe, des injures viendront d'une trouble fête
D'une très vieille dame, qui a vécu le drame
La perte d'un enfant quand le malheur est tombé sur nos âmes
Que la peste soit, que la peste les maudissent ici
Que personne dans ce village n'ait le droit de vivre avec l'envie
Comme elle les déteste, tous ces gens, ce curé
Elle, tout ce qui lui reste, c'est une jambe et le malheur d'être née

[Hook]
Ainsi va celle qui n'a jamais oublié
Sous des chandelles, les démons du passé
Ainsi soit-elle, la femme qui n'a pas brodé
Loin dans le ciel, son bonheur est gravé

[Manau
Les corbeaux volent au-dessus du très vieux clocher
Et cette soi-disant folle attend toujours pour faire sa logorrhé
Encore plus volontaire que tous ces dimanches passés
Aujourd'hui c'est l'anniversaire maudit où le mal a frappé
Il y a eut la mort, venue avec toute sa violence
Choisissant bien ses corps pour les caresser, un vent de souffrance
Une maladie venue par l'océan
La vieille y perdit son mari, sa fille, son seul unique enfant
Alors la voilà, accusant tous ces bons croyants
Tous ceux qui lui avaient dit que la foi guérissait le mauvais sang
Et que si leur dieu rappelle tous ceux qu'ils aiment
Qu'il suffit d'être heureux pour eux mais la vieille s'est remplie de haine

[Hook]

[Manau]
Les cloches sonnent, la messe est maintenant terminée
Puis un bruit qui résonne, les portes de l'église s'ouvrent
Et puis font passer un grand soleil, qui illumine l'autel
Et la voix de cette femme, de cette sorcière, couvrant l'assemblée telle :
"N'allez pas au diable, allez donc, joyeux, ripailler
Quand vous serez à table, n'oubliez pas les bénédicités
Mangez, buvez, en ce dimanche de fête
Invitez le curé, donnez-lui donc votre plus grosse assiette"
Ainsi rassurés, les gens n'ont pas compris ce calme
La sorcière avait-elle trouvé enfin la paix avec son âme ?
Chacun pris son pain pour aller déjeuner
Mais personne ne revint, la mort frappa, bien cachée dans le blé

[Hook]