VII
Post Mortem
[Couplet 1]
Les coupe-gorges ont perdu leur mystère
Cet air supérieur quand on croise la misère
À petit feu mourir dans un froid polaire
Comment croquer la vie sans soigner ses molaires ?
C’est l’Enfer moderne, la jungle ordinaire
Dans les esprits binaires, l’homme n’est plus qu’un mot terne
Dans des crasseux motels car tu n’as plus d’oseille
Les trois-quarts de ta paie au vendeur de sommeil
Du son dans les oreilles, du walkman à l’Ipod
Du sang dans mes urines, de la rime à la prod
Cherche un peu de soleil à travers les carreaux
Mais c’est comme voir le ciel, derrière des barreaux
Quelques carnets d’argot depuis l’adolescence
À l’écart du troupeau payent mes années d’errance
Devant la page blanche comme une arme enrayée
Vitriol et venin dans mon vieil encrier
L’industrie du disque sans jamais s’y plier
Dans un style unique, un peu comme des milliers
Entrez dans ma mémoire, ce n’est que ma caverne
Sous un arbre noir, les démons nous maternent
Le grisâtre s’installe, s’étale dans le chaos
Moi de mon piédestal, je tomberai de là-haut
Je me briserai les os, j’écrirai bien mieux
Et d’un air malheureux je réciterai ces mots
[Scratches]
"Make you believe the bullshit, that's what liars do"
"See, we roll like tires do"

[Couplet 2]
Les murs et leurs brûlures quand tout part en fumée
Ceux qui parlent de droiture ont l’odeur du fumier
Le partage et l’entraide, on s’y consacre peu
Les chroniques de la peine tracées à l’encre bleue
Les rues se déforment, de l’eau dans le sang
C’est l’argent des clients quand les boulevards s’endorment
C’est le nœud de la corde, le corps à la morgue
La peste qui rode, le masque de la mort
Aucun psychodrame avant de m’embaumer
Lyrics en kilogrammes, poète un peu paumé
Les prétendus potes te regarderont chuter
Un apôtre pendu à l’arbre de Judée
Depuis La nuit des temps, seul avec Barjavel
Les conseils essentiels du prince de Machiavel
Pas vraiment de cartel, soyons lucides
Un peu d’argent facile pour monter son label
Ici les plus solides en perdront le moral
Je m’accroche à l’aiguille comme un toxicomane
Le tic-tac de l’horloge, le craquement de mes pas
Si le crime est commode, le châtiment ne l’est pas
Dans ce marasme ambiant nos instincts primaires
Des cerveaux inutiles sur des moelles épinières
Derrière mon épaule, les deux pieds devant
Le squelette et les dents, l'autopsie d'une époque
[scratches]

"Make you believe the bullshit, that's what liars do"
"See, we roll like tires do"