[Intro]
"J’ai ajusté mon horloge interne à ma manière. Lorsque la prison était réveillée, je dormais. Lorsqu’ils dormaient, je m'réveillais. Je n’vivais ni dans ma cellule, ni dans mon cœur. Seulement dans mon esprit."

[Couplet 1]
Depuis qu’ils m’ont dit qu’j’allais rentrer là
La prison très jeune a dû m’rider à la Mandela
L’incarcération et leur foutu parloir
Stop, j’ai pas la cellule à Tapie Bernard
Ici j’ai la dalle et l’maton a la gueule d’un sanglier
Irrespirable, si tu voyais l’état d’mon cendrier
Sans briller, tout est noir, c’est pas grave
Mon détenu, tellement barge qu’on parlait d’lui sur la quatre
Macabre, si tu savais tout c’qu’il est capable
T'es pas cap non, même quand j’mange, j’lui donne ma part
C’est sympa, j’te parle pas d’la bouffe qu'il nous sert
Putain d’merde, j’ai dû perdre dix kilos dans leur self
Sans sel ou des visages entaillés par l’sucre
Toxicomanes, des Dalton enragés d'Lucky Luke
Une minute, j’compte plus le temps, ni d'amour
Chez moi on s’réconforte seulement l’premier samedi du mois
Hachek, le plan d’échec depuis qu’j’suis tombé
T'fous tranquille, j’aurais dû p’t-être laisser c’condé
Si j’paye c’est sans regrets, si j’plaide j’m’abaisse aux keufs
Dis à Maman sincèrement qu'j’m’excuse du fond du cœur
Le trou a mauvais accueil, l’odeur de ces sanitaires
Du pédophile jusqu’à celui qui roule sans mis-per
Cauchemar, non d’ma fenêtre j’vois pas d’croissant d’lune
J’colle ce timbre et de c’qui reste pour m’en rouler une
[Pont]
"Une fois j’avais tendu la main pour demander de l’aide. Elle était retombée. Toute flétrie, comme l’herbe sèche réduite en poussière. En ne laissant rien. Désormais je n’attends plus rien, je n’ai besoin de rien, pas de lendemain, pas de liberté, pas de justice. Et un jour, la prison s’évanouira."

[Couplet 2]
Wesh frère, j’espère que tu tiens le coup de là où t’es
Pas d’nouvelles ici à part qu’Papa tombe dans la bouteille
J’te dirai pas qu’tout baigne, j’pense et tu l’sais bien
Bref, tu m’connais j’te dis la vérité sans boire de bière
Maman, elle ne dort plus depuis que t’es là-bas
La maison est vide, y’a plus d’son, t’as du péter la baffle
Bref, toujours un plaisir d’recevoir tes lettres
Ne t’inquiète pas pour ta cantine et tes cigarettes
Au fait, la p’tite balance est tombée aussi
Ne le touche pas sinon l’dossier risque de se grossir
L’avocat, d’après c’qu’il dit, tu sors bientôt
Et pour les démarches, j’étais obligé d’le payer plein pot
Peu importe, c’qui compte c’est que tu gardes le moral
Dehors, y’a tes amis qui draguent ton ex-compagne
Tu parles, plus d’confiance, ils t’envoyent pas d’mandat
La vie est une escalade où on chutera tous d’une montagne
N’est-ce pas ? Mets-toi au calme et laisse verser le son
Comme a dit l’autre "nique sa mère la réinsertion"
Les pénitenciers ont lâché l’sort
La justice n’est pas si blanche qu’la figure d’Marylin Manson
Si l’on prend soin d’toi ‘ch’Allah, tu verras vite ta chambre
La tête haute, c’est mieux qu’avoir une vie d’pacha
Passons, j’espère qu’la lecture te f’ra vadrouiller
Promis, j’te réécrirai quand tu reçois l’courrier
[Outro]
"C’est à partir de c’moment-là que je décidais de prendre ma vie en main. Je préparais mon corps pour qu’il devienne une arme."
"Nique sa mère la réinsertion"
"Ta cité c’est pas ta mère et si tu crèves, elle aura d’autres enfants
Tu veux les avantages du quartier, t'auras les inconvénients"