[Couplet 1 : Oli]
Demain c’est loin je l’sais, on m’le répète depuis hier
Depuis gamins dans nos têtes, récitent ces vers comme des prières
BTS serpillère pour la plupart d’nos potes
La fierté, cette sorcière nous nargue et referme des portes
On n’est pas dans l’même bateau, mais on navigue sur la même mer
Et si on coule, c’est la même merde pour tous, pas d’cadeau
J’peux mourir dans une seconde ou dans cinquante piges, personne sait
La réponse me paralyse, derrière la vitre j’suis coincé
On y passera tous, la faucheuse menace ce monde, à qui l’tour ?
Si j’meurs demain, accroche un miroir sur ma tombe
On s’kiffe, on s’plombe, on s’quitte, on regrette dans la seconde
Qui va garder l’petit ? Qui va lui dire, personne ne s’cache dans l’ombre
Jacques Brel l’avait prédit, sacré visionnaire
J’appréhende le jour où l’mot “amour” sera plus dans l’dictionnaire
Remplis ta tête au présent, pour pas t’la prendre à l’avenir
L’école on la déteste mais elle nous a appris à savoir l’écrire
J’vois pas d’lumière au fond du couloir, eux ne pensent qu’au pouvoir
Ces corrompus remplissent les urnes avec nos mouchoirs
La politique : une boulimique de polémiques mais trop s'en servent
Pendant qu’j’me dis qu’j’ai un vie d’merde
J’râle pour du fric, d’autres vivent en guerre
Les plus paumés, s’réfugient dans la religion
Troquent leurs livres pour un fusil, le cerveau endormi par des cons
On est même plus étonné, fragiles et seuls fallait s’en douter
Parfois j’me dis qu’il faut un jour se perdre pour mieux s’trouver
Trouver, retrouver l’espoir, ensemble faire le bien
Ici mine de rien, on t'bute pour un article ou un dessin
Jamais d’accord, pauvres contre riches, juifs contres muslims
Moi ce pays j’l’adore, en mode hip-hop j'réécrirai toute l'hymne
On oublie qu’on est tous humains, trop tard
J’ai entendu un type dire “le pauvre chien” en regardant un clochard
Du haut d’la Tour de Babel, paniquée, l’Humanité se jettait
On nous a pris pour des cons, on a fini par croire qu’on l’était
Été comme hiver, on rêve d’égalité, respire
Au lieu d’lever l’poing à une manif’, apprends à t’en servir
La pollution, les avions, le pétrole craché des stations
On imprime des banderoles en papier contre la déforestation
Putain d’époque je me perds, l'avenir est pas clair, et plein de barrages
Fils d’immigré, le FN m’oblige à me plaindre et cracher ma rage
L’argent nous rend bêtes, prêts à être radins même le jour de ton mariage
C’est la crise, sur un trottoir en ville j’ai croisé Marianne
Jalousie, hypocrisie viennent truquer l’jeu
Nos rêvent partent en fumée, c’est vrai on a joué avec le feu
Sur l’échiquier le fou s’prend pour le roi
Le cavalier s’est jeté d’la tour et la dame dit que le pion n’l’intéresse pas
Gardons l'sourire, le combat est quotidien
Pour qu’les enfants des enfants des enfants d’mes enfants vivent bien
Moi ce monde, je l’aime, l'ai porté dans mon cœur tant d'fois
On fera l’bilan, sourire aux lèvres dans dix ans, même heure, même endroit
[Couplet 2 : Bigflo]
Au même endroit, la rue comme sol, le ciel comme toit
On reste là, les minutes se confondent
On n'a pas un rond, on porte des Reebok, des Nike, des Puma
On rigole entre potes en pensant à ceux qui sont plus là
L'ennui nous teste, il nous suit et il nous baise gaiement
Je prie pour qu'ce texte ne se transforme pas en testament
On enquête, au-dessus des murs des tess'
On peste, on encaisse, mais est-c'qu'on s'déteste vraiment ?
Entre loups, on pense qu'à tirer notre coup
J'ai appris avec tristesse que les filles sont pas mieux qu'nous
J'ai voulu déclarer ma flamme pour étancher ma flemme
Car c'est facile de mettre un coup d'lame, plus dur de dire "je t'aime"
On oublie nos points communs, on se trouve des différences
On s'bouscule, les uns les autres sur un grand bateau qui tangue
C'est chacun dans sa famille, on n'a pas tous la même France
On s'engueule sur nos origines, en parlant la même langue
On s'regarde de travers, on s'abîme pour un rien
Dîtes au père de Marine qu'il a fait pleurer le mien
Les jeunes aiment l'interdit, plonger dans l'eau du lac
Il m'a dit qu'il votait FN, il écoutait du rap
Du rap, le rap, du moins ce qu'il en reste
Des menteurs et arnaqueurs qui se battent pour quelques pièces
Faudrait que ça s'arrête, beaucoup de nazes mais peu l'admettent
L'impression d'porter une minerve : longtemps que je n'bouge plus la tête
Alors j'ricoche pour le hip-hop, coup d'hache pour le double H mon petit pote
Faut qu'on s'taille mon gars, faut qu'on prenne le large et j'mijote
Un petit plat épicé, des rimes aiguisées
Pour scandaliser les types déguisés des murs de l'Élysée
On s'lève à midi du matin ouais c'est vrai qu'on fait tâche
La flemme d'aller en cours quand nos pères sont déjà au taf
Ouais faut qu'on s'bouge poto, v'là l'topo
Quand on s'couche eux ils s'touchent trop tôt
On s'la coule douce, c'est la lose, enfile ta blouse on y va tous mollo
La Terre, on la laisse pourrir, on la laisse mourir oui on l'sait
On l'oubliera ce soir devant l'dernier clip de Beyoncé
On ira danser sur ce sol qui se craque sous nos pas
C'est la faute des anciens, pas la nôtre, à la vôtre, ouais nous ça compte pas
Dieu si t'existes, j'crois qu'on n'a pas compris l'message
Des marres de sang, des mascarades, des massacres en masse sur notre passage
C'est ma religion d'abord, c'est la tienne qui a tort
Ils se tuent parc'qu'ils sont pas d'accord de c'qu'il y a après la mort
La mort me guette, j'avance dans son ombre
Chaque pas m'éloigne de ma mère, me rapproche de la tombe
Mais j'irai découvrir le monde, déchirer ses frontières
Les vieux m'ont dit qu'j'avais le temps, leur vie m'a prouvé l'contraire
Donc faut qu'on accélère, qu'on inspire l'air à la vitesse interstellaire
Sonnez l'alerte, et reste à terre, encore plein d'choses qui restent à faire
J'suis prestataire de ce monde, qui part en couilles
On veut tous être capitaine d'un grand bateau qui coule
Faut qu'on aille dehors encore, qu'on arrête de penser qu'aux sous
Qu'on arrête de s'tirer dessus pour essayer de faire notre trou
Qu'on prépare nos cartes, car au prochain tour, on joue
On devient tous marteau car nos vies ne valent pas un clou
Faut qu'on s'accroche mon frère, ouais, faut qu'on tienne le coup
On sera pas à genoux, on tiendra jusqu'au bout
Ça nous mènera p't-être à rien, on le sait bien c'est fou
Mais inquiète-toi pour demain, parc'que demain c'est nous