Lucio Bukowski
Esturgeon
[Couplet 1]
Cogner les tripes du temps est une réponse possible
Voici mon but puisque les flèches ne s’intéressent qu’aux cibles
J’avale un verre de lait, recrache un texte fossile
Je suis la crasse sous les meubles d’un intérieur cosy
La brise me pousse un peu au hasard
Une plume entre les doigts et je m’élève comme Lazare
Chaque année qui passe, nous redevenons novices
Ébahis face au vide étrange qui écrase nos vies
J’ai le cœur riche mais je suis petit de souche
De l’amour pour Dieu mais je hais ses millions de bouches
Boude mes pairs, et collectionne des bouts d’désert
Certains soirs, face à l’évidence je doute des heures

[Couplet 2]
Evidemment nous sommes ternes, terrés dans des tours, des troms
Des trônes détonnent, au-dessus de nos têtes m’étonne
Qu’ils taisent les tords, des fins des temps j’en traîne des tonnes
En jets d’pléthore, pathétique, j’en perds des tomes
Des faibles, des forts, bien plus puissant je n’cesse d’éclore
Libre et humble comme une prière pendant la fête des morts
Je deviens le monde quand je me l’imagine
Projetant roman noir et corps de femme dans mon imagerie
Journée vide et ainsi de suite, perdu dans un jeu de quille
Reclus dans un peu de bile, brûlé dans un feu de file
J’attends l’orage de trop et tant qu’à tout gâcher
Emporterai mon art dissimulé sous une chemise tachée
Avance en volute, ils mettront mon corps en vase
Avant qu’envoler en vain je m’évapore en valse
Mes vers les plus aboutis ne sont qu’un tas d’bourgeons
Cache mes richesses à l’intérieur comme l’esturgeon