Lucio Bukowski
Champ de blé aux corbeaux
J'en ai marre de trouver mon double assis dans ma chambre quand j'rentre
Comme Vincent, j'finirai avec une balle dans l'ventre
En attendant, j'mets d'la couleur dans les sons
À défaut d'savoir saisir la douceur dans les songes
Afin de trouver mes vers, ma voie, ma vie, mon vol
J'ai besoin d'un peu d'air, donc j'en avale un bon bol
Commande un bon job, récolte un bon jab
Refous un bon jazz que la routine épongea
Et plongea tout droit dans les bras d'une illusion
Fumée en plein vol quand je n'suis plus qu'une éruption
Bienvenue là où les plus belles de tes joies succombent
Vu l'nombre de métros que j'prends, j'dois avoir fait le tour du monde
J'aime les toiles de Klimt, ça m'rappelle que j'ai toujours une âme
Ne crois qu'en la connaissance, donc j'ai toujours une arme
Quand j'vis dans mes souvenirs, l'enfance me sert le caf'
Chaque matin, j'remercie mes poumons de faire le taf
Toujours en vie, comme un type attendant sur des rails
Foutez-moi dans une boîte à rythme pour mes funérailles
J'ai gratté mes meilleurs textes dans des cafés
En rentrant, j'ai toujours pratiqué l'autodafé
Le nez dans les livres, dix années après un bac
Chaque fois que j'prends un congé, j'finis derrière un mic'
Dans ma boîte crânienne se déroule une sorte de lutte
Un concert de temps en temps pour me payer un fute
La folie, c'n'est pas autre chose que de vivre hors de soi
Me dis-je relisant Rûmi sur les bords de Saône
Vous êtes morts, et le fric ne remplace pas l'esprit
Moi j'tente de rendre meilleur l'air que mes gars respirent