Lucio Bukowski
Éternel printemps
[Couplet 1]
Il y eut le ciel et la terre, et en fin d'semaine le Paradis
Et puis l'automobile, le micro-ondes, enfin le FMI
Paraît qu'la liberté existe depuis que Dieu s'est mis sous veille
Il est jeudi, dehors il pleut, "Barman : bière bouteille !"
Parlons peu mais parlons ivre, il est préférable de n'pas s'comprendre
Cela nous rappellerait que nous n'sommes guère et qu'on n'sait pas c'qu'on glande
Nous avons reçu le feu, emprisonné dans des briquets
Il nous permet d'effriter du shit : on n'arrête pas l'progrès
Cette bière est bonne, qu'est-ce que c'est ? De la Bati ?
D'Éthiopie comme Astatke, une autre tournée j'suis d'la partie
J'me demande si l'ivresse nous rapproche du réel
Ou si la vérité n'existe pas comme l'or et l'idéel
Pardonne mes digressions, je me noie dans un verre vide
Tu l'remplis et c'est gentil, même si l'intention est perfide
Dis-moi ce que tu veux entendre, je t'en dirai bien plus
Ma poésie est plus ancienne que le cours de l'Indus

[Couplet 2]
Je n'regarde pas les infos, ils ne parlent que de chauffeurs ivres
De météo, d'égalité, et de mariage libre
Une petite guerre civile entre le fromage et la poire
De méchants islamistes, de gentils laïcards
Pour fêter l'Europe, dignement j'irai couler un bronze
Puis rechercherai le silence, me changerait en bonze
C'est marrant : trente ans qu'ils regardent tous ailleurs
Puis 80% d'la France est antifa' en 24 heures
Et si l'histoire n'est qu'un mouchoir jetable, yo
Et si l'espoir n'est qu'un vulgaire mouchard, yo
Le purgatoire n'a pas sa place dans le retable
Note pour plus tôt : ne plus attendre qu'il soit trop tard
Sais-tu que les couleurs ne sont pas celles que tu vois ?
Que le son n'existe pas, simple illusion de ton tympan ?
Sais-tu que la liqueur n'est pas celle que tu bois ?
C'est un poème, c'est une femme, c'est Dieu et l'éternel printemps