Lucio Bukowski
L’effet papillote
[Couplet 1 : Anton Serra]
Noël… Y’a qu’chez les gens qu’j’trouve ça sympa
Chez moi, c’est une date que je n’sens pas, sapez
Moi l’moral pour le 25 j’suis pas surpris, sapé
Pour balayer l’passé et épines du sapin, ça passe
Oui ça passe ça casse les couilles mais qu’à c’la n’tienne ça tasse
De vieux dossiers, faire bonne figure et à la tienne la tasse
On l’a tous bue, repus explosés de tapas on n’a pas
Attendu minuit pour que l’horloge s’attarde…
Engueulades et guirlandes
12 ans d’âge d’Irlande
Des punchlines en acap’, à table, rien qu’ça balance pas mal
Des litanies embrumées d’une épaisse fumée d’Camel
Bordel et compagnie, j’aurais mieux fait d’décamper
Pécher l’poisson pané à l’hôtel Campanile
Du vin chaud sans cannelle
Crise de foie sous la canine
Packaging foireux comme champagne en canette
Loin d’la manette du Megadrive
Des parfums d’mandarine et sans l’savoir on fête un drame
A 2 doigts d’péter un câble, petit papa en VRP commercial
Plein d’faux mercis que des cadeaux accompagnent
Soit heureux de c’qu’on t’amène
Apprécie la vie, le con d’ta mère
Comme le bayement le spleen contamine
Zappe surtout pas l’bêtisier que TF1 t'a mis
[Couplet 2 : Eddy Woogy]
Noël c’est un peu inventer un jour pour être gentil
Pourtant « je t’aime » c’est plus beau en chuchotant
Mais c’est mieux que rien, mieux qu’rester chez toi
Oui monsieur vive les traditions déjantées
Y’a des huitres et du sang sur les mains d’mon père
Toutes les années il croit avoir trouvé la technique
On vient pas d’la mer tu connais la suite
Il les a acheté chers et il est persuadé qu’c’est pas d’la merde
[Couplet 3 : Lucio Bukowski]
Gardez les oranges pour ma cellule quand j’aurai crevé l’barbu
Étoile en plastoque sur un factice arbuste
Claquent leur SMIC et finissent dans l’pétrin
Guirlandes lumineuses au-dessus d’un peuple éteint
Sous de beaux rubans j’n’ai qu’un reste d’argot
A coup sur le p’tit Jésus gerberait ses escargots
Marie tapait-elle du chanvre dans l’étable ?
Mamie t’offre un pull en laine orange, même pas à ta taille
Faudra sourire avec un air sincère
La fête avec des tronches de reine suicidaire
Mais bon faut l’faire, parait qu’c’est pour les p’tits
Un peu d’répit avant qu’enfin ils perdent leurs peu d’magie
Dans les boutiques les gens se poussent du coude
L’œil à moitié fou prêts à se foutre dessus
Ça doit être l’esprit Noël qui les remplit trop plein
La bouche pleine de mensonge sur l’amour du prochain
Mon cul, ça arrive même pas un soir par an
La buche n’est pas mauvaise, les clodos transparents
Tu t’en branles t’attends juste le chèque de tes darons
Le réel arrosera toutes ses dindes d’un tas d’marron
Gardez vos sapins j’ai mon champ d’troènes
Envie d’bouffer des cachetons quand j’entends leurs chants d’Noël
M’adapterai et mimerai tout un bonheur criant
Quitte à envelopper ma noirceur dans du papier brillant