Lucio Bukowski
L’Audacieux Jeune Homme au trapèze volant
J'ai plongé dans un rêve, il était vide, je m'suis brisé la nuque
Depuis je traîne en vie, amoindri, triste et caduque
Je mets des lettres ensemble, ça donne de nouveaux paysages
Et m'y balade en fredonnant des raps derrière un faux visage
Allez-vous bien ce matin ? Êtes-vous heureux ?
Vos vies sont-elles celles que vous espériez plus vieux ?
Connaissez-vous l'amour ? Avez-vous des gosses, un bon métier ?
Un beau jour j'vous raconterai la fin de Prométhée
Et c'est un bon début, jetons-nous sur la suite
Pour l'instant vous échappez à la misère et au suicide
Je vous observe de mon banc, je n'suis qu'une parenthèse
N'atteindrai pas cinquante ans, j'vivrai toujours en quarantaine (rire)
Et ça fait marrer les bambins
Mon nez rouge n'est qu'un leurre et ça fait jaser les pantins
Je n'suis qu'un relais, j'ignore les choses que mes mots savent
Me prends les pieds dans le fil des jours maussades
Au fond j'ai mieux qu'des larmes, pour vous je n'suis qu'un clown chômeur
Bienvenu sous mon chapiteau pour un p'tit bout d'bonheur
Vos voix dans ma tête font plus de grabuge qu'un six coups
Voici mes traits visibles sous le maquillage qui coule
Ils applaudissent, ils sont content du tour
Ils en veulent encore et encore et encore
Du coup je me vomis un peu plus sur des bouts de papyrus collant
Du bruit pour l'audacieux jeune homme au trapèze volant
Je pratique mon art sans filet
Quand je me péterai les membres, ils vendront plus chers les billets
Et j'irai pisser sur l'affiche après l'ivresse
Et j'irai miser sur la vie après l'Ivraie
Buvons un verre pour la fin d'ma représentation
La solitude s'occupera bien des présentations
On évoquera l'avenir puisque les souvenirs sont livides
Personne me saluait quand je jouais devant des gradins vides
Et c'était bien… Et c'était bien…