Lucio Bukowski
Triste comme un hiver
Aujourd’hui j’ai la tronche en vrac et peu l’allégresse
Les poches aussi vides qu’le programme politique du PS
Je m’emmerde comme toi devant mon jus de raisin
Le moral à zéro en lisant le journal du matin
Les gens rêvent de voyages mais sont déjà perdus
Il pleut des cordes sur ma génération de pendus
L’air du temps n’a aucun goût on dirait du Balzac
C’est chiant comme un weekend camping dans le Larzac
J’éteins ma télé c’est étrange derrière l’écran
Y’a des connasses écervelées dans des clips pour adolescents
Des pubs pour du dentifrice qui rend sociable et beau
Des biscuits amincissants en guise de placebo
J’imagine autre chose puis retombe un peu plus bas
La routine enfonce ses maigres doigts dans mon tuba
Plus personne respire y’a de la pub jusqu’aux églises
Le temps se fout de nous en mâchouillant son réglisse
Constat : ce monde est triste comme un hiver
Je m’y blotti tranquille entre deux lignes de faits divers
J’ai rien à foutre du coup je traine sur les pavés
Me sentant plutôt bien dans cette ambiance dépravée
Relis le Voyage illustré par Jacques Tardi
Laisse tourner du Oxmo tout au fond de ce mardi
La ville ensoleillée émerge et puis s’enfonce
Rue de la Ré les filles sont belles mais sans fond
Allé trinquons à l’hystérie et à l’amour
On tiendra l’coup comme 200 types à Alamo
L’époque est indécise comme l’adresse d’un forain
Rien ne se perd, tout se transporte en commun
La fin du monde c’est p’t’être la mort de la raison
L’oraison qui aspire nos vies dans sa prison
On dira bien c’qu’on veut tout ça c’est de la bricole
J’écris pour transporter les miens quand ils picolent
En bref rien de nouveau sinon deux-trois sorties
Dans mon jardin secret je cultive des orties
Pour peindre l’époque j’ai ma sueur en guise d’enduit
Et puis un joli texte à fredonner les jours d’ennui