Léo Ferré
Mon rêve familier
Poèmes saturniens - Paul Verlaine - 1866
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant
Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila
Son regard est pareil au regard des statues
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues