De nos tanières de draps blancs
De nos gravats mangés en rêves
De notre pain de temps en temps
Et de nos miettes marche ou crève
Avec la vie au beau milieu
Et puis la faim qui nous soulève
Nous te disons merci mon dieu
De nos salaires raccourcis
Et qui rallongent notre gêne
De l'or qui pousse au quat'jeudis
De nos éternelles semaines
Avec la rage au beau milieu
Et puis l'envie qui nous malmène
Nous te disons merci mon dieu
De notre terre à ciel perdu
De nos fusils à cicatrices
De nos enfants qui n'ont pas pû
Eloigner d'eux l'amer calice
Avec la guerre au beau milieu
Et puis le héros qui s'y glisse
Nous te disons merci mon dieu
Des chevaux d'avoine posthumes
Qui traînent leurs derniers convois
Des chiens perdus que l'on transhume
Vers leurs derniers pipis de croix
Avec la mort au beau milieu
Et la pitié qui nous consumme
Nous te disons merci mon dieu
De cette croix du Golghota
Qui crucifie tant de poitrines
Et de ton fils qui n'a fait ça
Que pour la peau et les épines
Avec l'amour au beau milieu
Et puis ton ciel qu'on imagine
Nous te disons pourquoi mon dieu