Léo Ferré
Salut, beatnik !
Y a la mer qu’a lavé la plage endimanchée
Y a la vill’ de travers et les grues déhanchées
Y a les mecs dans la rue qui jouent au jeu des flics
Y a des cons dans leur jeu qu’ont du jeu dans leur slip
Salut, Beatnik !
Y a l’automn’ qui s’ ramène avec ses foins brûlés
Et des moutons tondus qui n’iront pas voter
Y a l’hiver et ses glac’(s) aux oiseaux verglacés
Et la Sein’ qui s’ bagu’naude en cherchant ses noyés
Salut, Beatnik !
Et c’est la vie qui va et les politic-chiottes
Et d’ la Droite et d’ la Gauche et de la Saint’-Parlotte
Tout ça ça va trinquer à la santé, petit
Et d’ la France et du monde et des ordure(s) aussi
Salut, Beatnik !
Y a du rouge à Pékin et des môm’s qui font ça
Le fumier ça s’ conjugue aussi dans ces coins-là
Ceux-là quand ils auront leur content d’ rizotto
Tu verras tes week-ends au safran mon coco !
Salut, Beatnik !
T’es pas encor pourri et t’es comme un voilier
Sous les ponts de Paris tu navigu’(s) arrêté
Ta guitar’ dans la voix et ta voix sur l’horreur
Qui fait pousser les gens comm’ ça au p’tit malheur
Salut, Beatnik !
Beatnik fais-toi anar et puis va boire un coup
Avec ceux qu’ont trinqué en Espagne et partout
Avec ceux qui dis’nt non toujours pour le principe
Avec ceux qui tout nus ont l’air d’avoir des nippes
Avec ceux qui joyeux dans la course au malheur
Sont toujours les premiers sont toujours les meilleurs
Avec ceux qu’ont Johnson au cul et quelques autres
Les fidel les mao les charlot les apôtres
De la tristesse parfois de vivre
De la tristesse