Christie
Christie quand je t’ai vue plonger
Mes vergues de rocs où ça cogne
Des feuilles mortes se peignaient
Quelque part dans la Catalogne
Christie
Le rite de mort aperçu
Sous un divan de sapin triste
Je m’en souviens j’étais perdu
La Camarde est ma camériste
C’était un peu après midi
Tu luisais des feux de l’écume
On rentrait dans la chantilly
Avec les psaumes de la brume
La mer en bas criait ton nom
Ce poudrier serti de lames
Où Dieu se refait le chignon
Quand il se prend pour une femme
Christie... Christie...
Christie
Christie mon encre Waterman
Me fait ton mousse d’algue douce
La mort est comme un policeman
Qui passe sa vie à mes trousses
Christie
Je prendrai le train de marée
Avec le rêve de service
À dix-neuf heures GMT
Vers l’horizon qui pain d’épice
Christie du tort et du malheur
Christie perdue des revoyures
Nous nous reverrons sous les fleurs
Qui là-bas poussent des augures
Tous mes chevaux viendront te voir
Au fond de moi quand tu voudras
Ils te traîneront dans l’espoir
Comme tu traînes dans mes bras
Christie... Christie...
Christie
Je fais tes bars américains
Et je mets tes squales en laisse
La Mort aboie dessous mon bien
Ell’ nous laissera son adresse
Christie
Je suis triste comme un paquet
Sémaphorant à la consigne
Quand donnera-t‐on le ticket
À cet employé de la guigne
Pour que nous partions dans l’hiver
Des brebis mortes au vent qui bêle
Manger du toc sous les feux verts
Que la mer allume sous elle
Avec des yeux d’habitants louches
Qui nagent dur dedans l’espoir
Beaux yeux de nuit comme des bouches
Qui regardent des baisers noirs
Christie... Christie...
Christie
Christie quand tu viens de la mer
Tu m’envoies ton odeur genièvre
Ça bêle dur dans ce désert
Les moutons broutent sous tes lèvres
Christie
Et ta houle les entretient
Leur laine tricote du large
De quoi vêtir les yeux marins
Qui dans tes vieux songes déchargent
Ô lavandière du jusant
Les galets mouillés que tu laisses
J’y vois comme des culs d’enfants
Qui dessalent tant que tu baisses
Il frôle un peu de l’horizon
Ta parallèle à peu près jointe
Il suinte un peu de ta maison
Ta lumière qui s’est éteinte
Christie... Christie...
Christie
Christie ça sent le poivre doux
Quand ton crépuscule pommade
Et que j’enflamme l’amadou
Pour mieux brûler ta chair malade
Christie
Ô ma frégate du palier
Sur l’océan des hachélèmes
Ta voilure est dans l’escalier
Reviens vite que je t’emblème
Toi dont l’étoile fait de l’œil
À ces astronomes qu’escortent
Des équations dans leur fauteuil
À regarder des flammes mortes
La galaxie a pris le deuil
Depuis que ton étoile chante
Et que dans le fond de ton œil
Toute l’Espagne se lamente
Christie... Christie...