C’est un tracteur pensant qui crache de l’avoine
C’est la cadence de l’usine à l’Élysée
C’est un cri de mouette au-dessus de la douane
C’est l’illettré qui va corriger ta dictée
C’est le chemin de croix dans une discothèque
C’est la flagellation qui descend de ta croix
C’est le champignon de Paris qui fait du grec
C’est le pouvoir jaloux qui part au syndicat
C’est une contredanse à l’encre sympathique
C’est la Constitution en bande dessinée
C’est un chagrin organisé qui tient boutique
C’est une clef des champs qui exige un ticket
C’est le béton qui fait du gringue à Michel-Ange
C’est la boussole qui se perd dans un flipper
C’est le vin rouge au syndicat de la vendange
C’est le parfum au syndicat des balayeurs
C’est un paravent triste où se pare Venise
C’est la chanson du vent qui rocke avec Mozart
C’est le pétrole en trop qui fuit de ta valise
C’est l’impair qui se prend pour deux fois deux trop tard
C’est la fourrure qui regagne ses pénates
C’est la panthère qui s’éclate à l’Opéra
C’est un lièvre tranquille un revolver aux pattes
C’est la neuvième fois et c’est toujours la Joie
C’est l’addition qui se soustrait de ta machine
C’est le quartz de ta montre où règne le hasard
C’est la vivacité qui prend de la patine
C’est l’orgueil de ta race en bas de ce trottoir
C’est la Raison qui parie pour la Démesure
C’est le ventre affamé qui écoute les sourds
C’est la terreur au syndicat de la parure
C’est le missile missionnaire au fond des cours
C’est un marteau-piqueur qui fait de la dentelle
C’est un ciseau gelé qui coupe les idées
C’est une clef perdue au bord d’une pucelle
C’est le jour qui se lève avec les yeux cernés
C’est le sel qui se prend pour la mer en allée
C’est le vent qui gémit dans ton aspirateur
C’est l’étang qui attend la prochaine marée
C’est l’infarctus bruyant du fusil-mitrailleur
C’est l’automne transi qui règne sur Manille
C’est le vendredi saint avec les percussions
C’est le nazi au pas de l’oie sur des béquilles
C’est l’ersatz de l’oubli aux souvenirs des cons
C’est un papier perdu qui se souvient d’Homère
C’est la géographie qui change à Stalingrad
C’est un nœud de cravate au cou de la misère
C’est le rouge qui prend de l’âge Camarades !