[Paroles de "Mémoire vive"]
[Couplet unique]
J’suis né un putain d'mois d’octobre, sous des vents de folie
Un p’tit gosse de l’automne, ça explique la mélancolie
Aussi loin qu'j’me souvienne, j’me suis senti différent
Peu souvent j’ai dit "je t’aime", trop souvent, j’ai fui les gens
C’est par le prénom Gilles que l’univers a choisi d'm’appeler
Il paraît qu'les parents n’ont pas grand-chose à voir là-dedans
À mes deux ans et demi, j’me retrouve seul avec la madre
Elle m’offrait en amour ce qu’il nous manquait en argent
Dieu soit loué, j’ai connu l’amour d’une mère
J’ai volé tous mes jouets, elle m’a jamais vu faire
J’me suis fait matrixer par Bruxelles, tu connais déjà l’BX Vice
Territoire interdit aux U.V
Mon père, mes petites sœurs, mes cousines vivent en Italie
Chaque été, je buvais cul sec, tous ces putains d'paysages
Combien de fois j’me le suis juré ? J’me suis souvent dit qu’j’irais là-bas finir ma vie
Dieu soit loué
J’me revois, la nuit, dans ces collines aux herbes brûlées par l'soleil
En motorino, phares éteints, éclairé par la lune
C’est aussi là-bas qu’j’ai versé l'plus de larmes secrètes
Mais tu l’as jamais su, ah oui, Dieu soit loué
Combien se disaient : "Pauvre ket, ce petit n’est pas très doué" ? Allez niquer vos maîtres
À l’école, j’étais un cancre, c’est c'que ces bâtards pensaient
Ils m’ont tous fait croire qu'j’avais le foutu crâne à l’envers
J’avais pas d’argent, mec, ils portaient tous des marques
Et moi, j’portais les sapes oranges et mauves offertes par ma grand-mère
J’les ai rendus fous, comment espérer qu’ils m’aiment ?
J’étais ce casse-couilles du fond d’la classe trop typique
Au fond, c’est grâce à eux que je finirai haut la main
Par obtenir ces deux masters en droit et sciences politiques
Dieu merci, j’ai pris la plume, j’ai connu la musique
J’ai toujours fait c’que j’aime, ouais, quitte à rester hors normes
Aujourd’hui, j’ai la putain d’chance d’avoir ce public
Mon art est imprévisible, ouais, mais ils suivent d’abord l’homme
Des freestyles dans les caves, jusqu’aux salles les plus grandes
BX VIBES, à la VICE, clips aux quatre coins du monde
J’ai connu la fraternité pure, les années passent
Mais tout c’qui porte la marque de la vérité dure
J’ai la putain d’chance d’être père
De savoir ce que c’est d’aimer sans la moindre condition
Au point que l’espace et le temps finissent par être écrasés
J’ai vu les personnes que j’ai l’plus aimées rendre leur dernier souffle devant moi
Et dans leurs yeux, j’ai vu qu’ils n’allaient pas mourir, mais juste déménager
Hmm, juste déménager
Ma mère a sûrement voulu trop bien faire les choses, elle est partie un 14 février
Depuis là-haut, sur son parterre de roses, elle m’envoie de sa force every day
J’me souviens être entré seul dans son appartement vide
Avoir plongé mon visage dans l’odeur de ses vêtements
J’me souviens m’être écroulé au sol, anéanti
L’enfant qu’on a inhumé en soi n’meurt jamais vraiment
J’y repense souvent, crois-moi, j’m’en souviens bien
Des couchers de soleil rouge sang sur l’océan indien
L’odeur que prend l’air au Sahara, quand les vents tournent
Le silence des églises, les muezzins d’Istanbul
J’me souviens de tout c’qui m’a laissé sans mot
Chacun de vos sourires, de vos couteaux dans l’dos
Chacun de ces fantômes, qui me servaient d’amis
Qui venaient en scred pour allumer ma télé la nuit
Je connais ma chance, s’il faut mourir demain, j’suis prêt
Je m’abandonne à ce que les cieux m’destinent
J’me souviens d’ce fameux soir d’automne, à 22 ans
Où j’ai acquis la certitude définitive que Dieu existe
Gilles
[Outro]
J’me souviens d'tout (VII.IX.XII)
Dieu soit loué, Dieu soit loué
Imani the Dog
Kendo
J'suis prêt
Dieu soit loué
J’me souviens d'tout, jusqu’au moindre petit détail
Mais quelques fois, j’doute
Est-ce que tout ça était réel ?
J’me souviens d'tout
Du moins, c’est c'qui me semblait
Ces derniers temps, j’doute
Y a-t-il des souvenirs implantés ?
VII.IX.XII