Poème d'Arthur Rimbaud (oct.1870)
C'est un large buffet sculpté; le chêne sombre
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants;
Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries
De fichus de grande-mère où sont peints des griffons;
C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits
Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires