Paroles de "Reflets" ft. Furax Barbarossa)
[[Couplet 1 : Scylla]
Mais qui est donc cet homme qui ne s'arrête jamais de me suivre ?
Dans mon ombre, il m'espionne, pourtant, mes pas n'cessent de le fuir
J'commence à croire qu'il ait placé un d'ses détecteurs sous le pied
Je le croise partout, il semble savoir par cœur où je vais
J'n'arrive juste à l’entrapercevoir dans l'apparition furtive
Il s’éclipse aussitôt, c'est comme une malédiction surprise
Mais qui est-il, hein ?
Pourquoi ne me parle-t-il jamais ?
Il se contente de me fusiller du regard avant de redisparaître
J'ai l'impression qu'il lit en moi, de deviner ce qu'il pense
Il me juge, il me répète qu'il faut que je me rende à l'évidence
Que la musique ne pourra pas payer, donc c'coup-ci, faut que j’m'arrête
Que j'suis qu'un bon à rien, plutôt que de faire du souci à ma mère
Que j'ai une femme qu'il faut que je marie et qu'elle a besoin que je prenne soin d'elle
Que j'suis qu'un égoïste, j'devrais la traiter comme une princesse
Mais qui est-il, putain ?
J'ai l'impression de le connaître
Y a comme un air de famille, entre nous
Mais pour être honnête, je l'ignore, mais on est proches, ça, je le sais
Mais je ne sais pas qui est cet homme dans mon reflet
[Couplet 2 : Scylla]
Je ne reconnais plus ce visage, je ne peux pas admettre que cette tronche fut mienne
Celle que j'aperçois a de quoi faire carrière dans les pompes funèbres
Cet homme est tellement pâle, merde !
Mais d'où sort-il cette façade blanche ?
C'est quoi, une pub de prévention du cancer ou pour Dafalgan ?
Mais qu'est-ce qui lui arrive, a-t-il déjà vu plus qu'une fois le soleil ?
Ou vécu dans une cave avec comme unique vue l'étoile polaire ?
Ce type me fait froid dans le dos, ses yeux me vont droit au but
La température de ses rétines doit frôler le zéro absolu
Et dans leur plume, je vois plus d'espoir, y a que des lueurs d'obscurité
Quelques flammes et cette sorte de lumière noire
Celle qui m'aveugle étrangement, ce que j'y vois, j'ai peine à croire
Des rêves qui, à la chaîne, pénètrent dans les affres crématoires
Je ne supporte plus qu'il m'suive comme ça
Les frissons qu'il me donne me font craquer l'épine dorsale
J'ai l'impression d'être en prison ou fugitif
Comme si j'étais l'objet constant d'une expédition punitive
Je suis poursuivi par cette crainte de ne pas être celui que j'imaginais
Je ne fais que marcher sur mes traces
[Couplet 3 : Scylla]
Mais est-ce que vos reflets sont similaires aux miens ?
Tentent-ils aussi de vous décourager ?
Vous toisent-ils également avec leurs airs hautains ?
Quand tu le regardes, as-tu ces crampes à l'estomac ?
Te fait-il comprendre tous les jours que tu vas squatter le chômage ?
Te rappelle-t-il sans cesse que t'arrêtes pas de prendre du poids et de l'âge ?
Mais que tu mûris pas, te sens-tu presque issu du Moyen Âge ?
Connais-tu vraiment la personne qui te dévisage dans chaque miroir ?
Te fait-elle frissonner ?
Te sens-tu comme victime de magie noire ?
Sais-tu vraiment de quoi elle est capable ?
Est-ce que la tienne a ce regard sombre et froid ?
Tu t'sens comme harcelé par un cadavre
Comme en cavale face à ta propre image qui t'perçoit comme une inconnue
Toi et elle, elle et moi, c'est deux équations insolubles
L'homme qui se cache dans mon reflet ne me reconnaît plus
On semble s'être jurés de se faire une guerre des molécules
On a brisé en milles morceaux nos vases communicants
On se retrouvera p't-être un jour, si un s'efface au fil du temps
[Pont : Scylla]
On a tous cette même crainte de ne pas être celui qu'on imaginait
Celui qu'on voulait être, cette personne qui nous fascinait
Chacun à sa manière, on ne fait que marcher sur ses traces
Arrête de me prendre pour un fou, j'sais que toi aussi, d'vant, tu t'effaces
On a tous cette même crainte d'avoir qu'une fausse image de soi-même
Ou de s'être oublié jusqu'à ne plus savoir ce qu'on croyait
Jusqu'à ne plus se connaître et se revoir pendu sur un clou
J'sais que toi aussi, t'es dans le même cas, arrête de me prendre pour un fou
[Couplet 4 : Furax Barbarossa]
J'ôte la buée sur la glace d'un geste fébrile
L'image que me renvoie la garce
Deux yeux brillen,t mais le reste faiblit
Un face-à-face de plus, un matin comme les autres
Mais j'ai cru voir dans le reflet un pantin dont se cognent les os
Ouvre sa bouche et me traite sans daigner bouger une lèvre
Fu', es-tu capable de rire sans déboucher une Leffe ?
Il me demande, il change de ton, prétextant les drames
Mais est-ce qu'un homme bon
Laisse couler les larmes d'une princesse dans les draps ?
Mais que me veut-il, lui ?
De quoi se mêle-t-il ?
Pourquoi met-il le doigt sur la bassesse de mes actes ?
Pourquoi ce mec tire sur la corde sensible ?
Je le fixe, il en rajoute, entêté
Es-tu vraiment le fils que tu prétends être chaque jour dans tes textes ?
Allez, stop, c'en est assez, qu'il cesse, il est coupable
Il disserte, mais dis-moi, ici, qui saigne si les coups partent ?
Vois-je la diff' entre la bête et une espèce de brute ?
Je lui fis "oui" de la tête, puis l'ai brisé d'un geste brusque
Paroles rédigées et expliquées par RapGenius France