[Couplet 1 : Lino]
Moi, je voulais que mes raps soient des putains de caresses ou des poings dans la gueule
Que ça reste un phare dans ces ténèbres quand nos scrupules disparaissent, je suis seul
Je suis seul avec ma plume, je célèbre la vie
Écume les trottoirs de la ville loin de ces cours où nos colères comparaissent
Je voulais profiter de ce couplet pour les coups que j’ai pas rendu
Mec, puisse notre zique nous rendre ce putain d’espoir qu’on a perdu
Seulement, voilà, rien n’apaise le poids des remords
Quand vivre, c’est faire semblant de ne pas être mort
Serrer le mors entre ses dents et se prétendre pur sang
L’alcool aidant, se détendre et déballer ce que tu ressens
C’est dans ces moments sombres que mes pensées me trahissent
Et que la peine encombre le beat, quand les rivières d’amour s'tarissent
Je débite des vers nourris aux drames vu que ma peau porte le deuil
Je laisse aller, ma rage s’envole comme dans un con de ballet de feuilles mortes
Mec, j’apporte à ton seuil, mon rap, ma routine
Et ces révoltes qu’on essaie de castrer à coups d’or et de platine
À coup d’or et de platine
Et je voulais juste parler, lester la douleur que j’emmagasine
Non, rien à foutre des couv' de magazines
Ça guérit pas le mal que je couve, cousine
Je t’ouvre mon cœur en putains de rimes assassines
Mon groove fascine comme luxe et liasses de papier
J’aime les gros BM mais j’oublie pas que la liberté, ça marche à pied
Eh le succès, c’est trop nocif
Et j’ai perdu en amitié tout ce que j’ai pu gagner en chiffres
Héritier de la violence à l’espoir chétif, que la vie a châtié
Je veux plus réduire mon champ de vision aux murs du quartier, non
Les sentiers de la gloire sont truffés de salopes, petit, sois pas triste
Le jeu est truqué depuis le procès du Christ
Je résiste malgré la hargne qui me lacère les entrailles
Mais il y aura combien de larmes sincères à mes funérailles ?
Juste une entaille sur la joue de la France, man, pour que les données changent
Qu’on baise les putes qui touchent à la vertu des anges
Étrange sensation de crainte quand je vois leurs lois enfreintes
C’est comme s’ils injectaient de la haine dans la matrice de nos femmes enceintes
[Couplet 2 : Lino]
Je garde le cadavre de mon innocence perdue, mon enfance calcinée
Dans ces rues où dansent les âmes de ces gosses assassinées
J’ai cru en la haine, aujourd’hui, je doute
Mec, être un homme, c’est regarder le Diable droit dans les yeux
Et lui dire d’aller se faire foutre
Je shoote l’enfer et le mal que mon corps abrite
Et j’ai juré à mon cœur que jamais plus je n’écouterai que ma bite ou mes poings
J’habite une blessure, un coin où rage immigre
Qui ne comprend pas ne comprendra jamais le rugissement du tigre !
Que ceux qui me dénigrent s’enfoncent ma poésie
J’voulais juste dégager mon cul de la trajectoire de ce putain de fusil
Ça me bousille le crâne alors j’ai choisi de l’écrire
Quand tout crame, décrire ce qui trame, détruire mon moi infâme
Sous les éclats de rire de la foudre et le chant des armes
Ce monde sale où la poudre parle et le ciel boude
Une larme de sky pour nos morts, ceux que le sort poignarde
Maman, Dieu te garde, je sais que Papa nous regarde depuis les cieux
Depuis mes yeux via ma bouche, lâche ce qui me touche vieux
Je couche sur le faf ce monde vicieux pour ceux de ma couche
J’accouche ces mots, seul dans ma putain de chambre
Deux mille un, ce mardi, le onze septembre