[Refrain : Saïd]
Je suis pas né comme vous, je sais pas trop pourquoi
J'ai pas vraiment le choix et je vous trouve aussi différent de moi
Je suis pas né comme vous, je suis d’un peu partout et pourtant
J'ai le même sang et les mêmes envies, oh oui
[Couplet 1 : Shurik’n]
Je viens d’un pays où l’air est le même qu'ici
Où la vie a le même prix, où les jours sont les mêmes qu'ici
Où les parents aiment leurs gosses aussi, cernés par les même soucis que les vôtres
Le toit et la santé : c’est ce qu'on cherche pour les nôtres
Ne jugez pas, vous n’savez rien de mon histoire
Pleins de craintes et de rêves, les miens ont quitté le perchoir un soir
Je viens d’un peu partout mais c’est chez vous qu’je suis tombé
En fait, je ne suis que le fruit de deux arbres déracinés
J’vois ma couleur comme un signe extérieur de richesse
D'autres n’y voient qu'un défaut ou pire, une divine maladresse
Mes cris diffèrent mais mon cœur lui bat à la même vitesse
Ma différence me stresse lorsque vos regards m'agressent
Ma culture vous dérange pourtant nos anges ont les mêmes ailes
Lorsque l’un d'eux s'envole trop tôt, nos larmes ont les même sels
Je n'suis pas plus différent d’vous que vous de moi en fait
Et j’attends le moment où vous cesserez de ne voir que ma tête
Ma différence n'est pas dissimulable, elle vous accable
Et vous la pensez responsable du moindre mal
Jeter le blâme sur l’étranger, c’est devenu chose banale
Et puis pour vous, j’suis qu’un rappeur ou un dealeur de came
Est-ce que mon fils devra subir cette même connerie humaine
Jusqu’à se lever un beau matin en se craignant lui-même ?
Moi je lui explique que sa couleur est un cadeau de là-haut
Qu'il garde à l'esprit que le noir c’est beau
[Refrain : Saïd]
[Couplet 2 : Akhenaton]
D'où je viens fiston, y’a pas de nantis, de grosses payes, le rap : notre gospel
Tu peux m’tourner le dos, ça va, ça sera pas une grosse perte
On chante pour les sots, la pop c’est pour les grosses têtes
C’est ça, on trimbale en grosses caisses pleines de grosses fesses
Ta Kate, on la trouve moche, c’est vrai selon nos goûts, nos préférences
Vos critères sont pas nos références
Nos routes vers l’école étaient truffées de grosses teignes
Tu brilles dans ton bureau, sur leurs trottoirs, t’es qu'une grosse merde
Comme si on jactait un français de la brousse
C’est eux qui fourrent les gens avec le français du Larousse
Seb, le talent balançait dans une grosse benne
En quatrième, ils commencent à dégommer toutes les grosses bêtes
Réorienter, range tes rêves, t'es vigile
Là tu piges que t'es pas né en chemise Vichy
C’est la vie frangin, violent déluge de grosses beignes
Hypocrites, devant le fric ils se prosternent
Quand j’pense qu’ils osent commenter nos vécus
Nos lyrics ont les cheveux bien trop crépus
Arc-en-ciel, mosaïque de visages, on n’vise pas la Visa
Troisième génération, notre présence est toujours bizarre
J’dis pas j'en bave plus, la souffrance, c’est pas un concours
J'veux baiser personne puis c’pays, c’est pas un bon coup
Certains ont eu les monts, la mer ou le bayou
Nous on a eu les emmerdes élevés parmi les voyous
Heureusement j’rappe, j'aurais braqué ces fiottes au poker
J'viens pas de Neuilly, j’suis d’une famille de dockers
On demande rien, juste c’qui nous revient
La paix pour ce qu'on a construit de nos deux mains
[Refrain : Saïd]