Shurik’n
Où sont les roses ?
Où sont les roses, que je ne vois plus dans le jardin ?
Où sont ces roses, que j'aimais tant accrocher à ma poche ?
Quelle est la cause ? Serais-je aveugle ou bien le destin les figea, closes ?
Où sont les roses ? Où sont les roses...
Sur les hauteurs du Golfe de Naples, mon olivier a poussé
Dominant l'azur, élevé entier dans la fierté
Des origines latines, où tu sens chaque mètre
Que le danger guette derrière le linge pendu aux fenêtres
Mais un jour gris, l'orage déchaînant les éléments
Le bel arbre fut arraché, emporté par le vent
Humilié, les branches affaiblies
Mussolini et la misère avaient trop pressé les fruits
À dix ans mon grand-père embarqua sur un chalutier
Son père est mort à Brooklyn, qu'aurais-tu fais à sa place ?
Huit ans après, la frontière est traversée sans regrets
Il peut encore se regarder dans une glace
Les débuts furent durs, sous les critiques des gens, tête baissée
Regards fuyants, comme des chiens dressés
À cette date il me relate la terre ingrate
Ou la sale habitude de lapider ceux qui étaient mats
Avec rage, à la force des bras, grâce à la persévérance
Ils ont bâti leur paradis en Provence
Comme germe dans mon âme cette prose
Dans les jardins, fleurirent les roses
Tu glousses, mec là-bas les gamins te détroussent
Ils te font sourire de profil avec l'ongle du pouce
Ceux qui moussent tôt ou tard sont sur la touche
Coulés dans du béton, les testicules dans la bouche
Je comprends ceux qui ont fui la pauvreté
Que ces gens n'étaient pas dépourvus de qualités
Je m'amuse en relisant les messages typiques
Que mon grand père m'écrivait à grand-peine en français phonétique
C'est cette volonté de faire que j'admire
C'est une rose aux pétales de soie et de cire
J'aimais courir, me distraire dans l'allée
Emballé, à grandes enjambées, la pente dévalée
Que c'était doux de faire la sieste au frais dans le canapé
Les mains imprégnées d'odeur de basilic et de poisson grillé
Pendant que le soleil frappait sur les murs blancs
Jusqu'au moment des croassements, vers le couchant
L'Italie fournit vingt millions d'immigrés dans le monde,
Certains crièrent "Immonde ! Cette vermine abonde !"
Au mois en ce temps, les fleurs étaient écloses
Maintenant, où sont les roses, où sont les roses ?
J'ai beau chercher partout mais je ne les vois plus
Ont-elles disparu ? Se sont-elles vendues ?
Ont-elles gravé dans leurs racines, les douloureuses plaies
Des pogroms où par dizaines furent tuées
L'histoire se répète dans l'infamie de l'époque
Les chasseurs sont les anciens chassés, ceci m'évoque
La sale mentalité des italiens qui ont tout oublié
"Se la jouer" plus autochtone que les vrais
On peut aimer, un pays où l'on immigre
Mais la CNI ne change pas tes origines
Sauf, pour les traîtres qui ont arrosés l’État Civil
Afin d'ôter la lettre à la fin de leur nom de famille
Concédons aussi que nous sommes mal placés
Pour donner des leçons, des solutions sur l'insécurité
Qui faisait les braquages ? Qui agressait ? Qui rackettait ?
Qui vendait la drogue ? Qui violait ? Répondez
Cette hypocrisie se lit dans l'avenir de vos fils
Vous étiez voyous, eux finissent dans la police
Parfait exemple social
Preuve que la personnalité n'est pas propre au facteur racial
Changement de décor, dans l'Italie du Nord
La Ligue Lombarde vocifère de plus en plus fort
Profitant des ouï-dires, clame que les enfants volent
Parce-qu'ils viennent du Sud, leur refuse l'entrée des écoles
Chaque syllabe désagréable fait de nous des coupables
Ils nous appellent sales arabes
Alors dites-moi, quoi ? Comment bascule-t-on dans le racisme ?
Quand, dans un pays, il y a déjà un schisme
Et c'est pourquoi tes réactions sont si minables
Et que ton vote sur tout les plans est déplorable
Car la flamme est l'ennemie du règne végétal
La rose est une fleur ne sera jamais animale
Notre culture est méditerranéenne
Mais je rappelle pour les crétins que celle du Maghreb est la même
Je ne vois pas, la raison de gonfler les rangs
D'un mouvement qui nous classe comme étant des sous-Blancs
Assieds-toi à ma table, découvre ta culture
Nettoie le jardin et vide l'ordure
Tes enfants ne pourront plus jamais dire telle chose
Où sont les roses ? Où sont les roses ?