Ol’ Kainry
La croisée des chemins
[Refrain: Jango]
On a tous nos versions
Tous nos actions
Tous notre façon de le dire
On a tous la passion
On vient tous du béton
Tous notre façon de le vivre
Les mêmes problèmes, les mêmes qui saignent

[Couplet 1: Jango]
Avril 71, Lyon, lieu de ma naissance
Poisson d’avril, deux kilos 520 d’innocence
Lyon, j’habite dans l’2ème arrondissement
Les Blacks se font si rares qu’on nous regarde comme un châtiment
Le Cameroun m’appelle, ma mère s’installe
À Douala sa ville natale, j’y resterai trois ans
J’arrive en 76 dans le 9-1
Je n’connais pas les Blancs et d’un seul coup j’en vois plein
[Kam]
T’sais, moi j’ai débarqué, août 76
Paris dizième et j’ai les îles qui coulent dans les veines
Métis, Réunion Martinique, ma mère à peine 18 piges
Mon père tout frais du bled le sang chaud, donc litige
Le regard dur, colle quelques joues à même le sol
On rigole, parle français comme une vache créole
J’fais mes premiers pas à Sarcelles, ma première école
Un an après, en 80, j’rends d’jà ma mère folle
[Ol]
28 mars 1980, 9-1 Évry
J’ouvre les yeux pour la première fois, voilà, est né Freddy
La tête de mon daron trait pour trait
Mes parents et mon grand reuf, on habitait aux Tarterêts
Mon daron avait l’afro, ma mère les pattes d’eph
Une famille de Béninois Togolais mec faut pas test
On réussit à dégotter une baraque pas mal
En 84, on s’installe Courcouronnes, Canal
[Jango]
84, je breakais dans les halls, la belle époque
Tout le monde est hip-hop
90, dans la cité, ça commence à tringler
92, l’explosion des bandes en batailles rangées
[Kam]
Arrive l’adolescence, les manigances et la violence
Le manque de connaissance, les batailles de marrons et la danse
Au collège Henri Barbusse, 92 Bagneux
Un poste à la place des bouquins dans mon keus, sérieux
C’était n’importe quoi, calmé par le patron
J’ai goûté au cuir qui tient le pantalon du daron
Ça devenait trop chaud, on devait finir au bled
On est partis puis revenus, l’mariage de mes parents décède
[Jango]
Et la police vient dans les blocs
Chercher les petits vendeurs de drogue
95, je trouve un premier job
Après l’école, pour sortir du béton
[Ol]
95, j’ai quinze piges, j’commence à rapper un peu
J’suis en troisième et mon année j’t’avoue qu’l’ai ratée un peu
Mes parents m’disaient Freddy, ne sors pas la nuit
Mes premiers coups d’matraque et mes premières garde-à-vue
Mes absences grillées Madame Bucola
Le samedi soir ça tirait à la salle Pierre Nicolas
C’était tout pour le quartier, potes et assos
Un jour mon père, dans ma chambre il a trouvé des bastos
[Kam]
96, une baston tourne mal, j’tombe dans l’coma
Un coup d’cric dans la face, c’était mon pire combat
J’ai failli perdre ma vie, on a menacé ma famille
Maman tu m’as empêché d’tirer j’te dis merci
[Jango]
97, les gars m’attendaient à 17
Avec des battes, avec des haches et des machettes pour une go
J’ai dû la défendre, j’ai donné ma droite dans les flancs et direct il est bé-ton
[Ol]
99, Évry c’était chaud
La vengeance est un plat qu’à l’époque j’mangeais chaud
Cagoulé dans un bois, on l’a mis nu
Le chacal m’a reconnu et j’me suis retrouvé détenu
[Kam]
C’est du passé maintenant, j’suis un ange, j’ai reconstruit ma vie
Arrive, tellement élégante, la bouille de ma fille
J’vous ai rencontrés, on a fait un bout d’chemin ensemble
Ce thème revient dans tous les albums et nos vies s’ressemblent
[Jango]
J’ai les larmes, mais des larmes de joie
Voilà la venue de mon bébé Noah
J’aurais voulu que mon père soit là
Mais je sais qu’il me regarde depuis l’au-delà
[Ol]
Daron à vingt ans, moi, qui l’aurait cru?
Trois albums à 24 ans, qui l’aurait cru?
Parents m’ont éduqué, la rue m’a éduqué
J’ai choisi d’marcher sur les chemins de la dignité
[Refrain (*2)]
On a tous nos versions
Tous nos actions
Tous notre façon de le dire
On a tous la passion
On vient tous du béton
Tous notre façon de le vivre
Les mêmes problèmes, les mêmes qui saignent