Georges Brassens
Pauvre Martin
Avec une bêche à l’épaule
Avec à la lèvre un doux chant
Avec à la lèvre un doux chant
Avec à l’âme un grand courage
Il s’en allait trimer au champ
Pauvre Martin, pauvre misère
Creuse la terre, creuse le temps
Pour gagner le pain de sa vie
De l’aurore jusqu’au couchant
De l’aurore jusqu’au couchant
Il s’en allait bécher la terre
En tous les lieux, par tous les temps
Pauvre Martin, pauvre misère
Creuse la terre, creuse le temps
Sans laisser voir sur son visage
Ni l’air jaloux ni l’air méchant
Ni l’air jaloux ni l’air méchant
Il retournait le champ des autres
Toujours bêchant, toujours bêchant
Pauvre Martin, pauvre misère
Creuse la terre, creuse le temps
Et quand la mort lui a fait signe
De labourer son dernier champ
De labourer son dernier champ
Il creusa lui-même sa tombe
En faisant vite, en se cachant
Pauvre Martin, pauvre misère
Creuse la terre, creuse le temps
Il creusa lui-même sa tombe
En faisant vite, en se cachant
En faisant vite, en se cachant
Et s’y étendit sans rien dire
Pour ne pas déranger les gens
Pauvre Martin, pauvre misère
Dors sous la terre, dors sous le temps !